Changera t'il d'avis comme souvent?
Pauvre France!
A l’heure de la conférence de l’ANFR « Spectre et Innovation » ouverte par Fleur Pellerin, les syndicats et fédérations professionnels SEINEP, FESAC, FICAM, SYNPASE et PRODISS s'insurgent contre la décision de l'Elysée de vendre une partie de la bande des 700 Mhz.
Ils dénoncent l'impossibilité pour tous les acteurs de la production audiovisuelle et du spectacle vivant d'assurer les liaisons audio sans fil nécessaires à la production de grands évènements culturels et sportifs ainsi qu’à la production de news et informations en direct en cas d’octroi de la bande 700MHz aux opérateurs de téléphonie.
Ci-dessous, le communiqué conjoint :
La volonté du gouvernement français de mettre aux enchères dès 2015 la bande de fréquences hertziennes des 700 MHz au profit exclusif des opérateurs de télécommunications, fait réagir l’ensemble des acteurs de la filière audiovisuelle : cette bande est indispensable à la production de spectacles et d’évènements culturels et sportifs. Pourquoi deux poids deux mesures, quand les fréquences allouées aux télécoms pourraient être rationnalisées ? La 2G continue de coexister aux côtés du GPRS (2.5G), du EDGE (2.75G), de la 3G, de la 3G+, du H+ et de la 4G !
Cette prise de position précipitée du gouvernement, sans l’instauration d’une concertation avec les professionnels du secteur, et sans prendre en compte les besoins des acteurs de la filière, met en péril l’existence même des émissions en direct, du spectacle vivant et de la retransmission de grands évènements politiques ou sportifs.
Dès 2015, si un tel choix est entériné, des évènements reconnus, tels le Tour de France, Roland Garros ou le défilé du 14 juillet, ne pourront être réalisés sans rencontrer des problèmes techniques majeurs incluant coupures de son en direct et brouillages parasites. Les raisons en sont simples : de tels évènements demandent des centaines de liaisons sans fil, utilisées pour les microphones des commentateurs et des journalistes, les liaisons entre la régie et les techniciens, les intercoms et les walkie-talkie. Ces liaisons nécessitent de nombreuses fréquences hertziennes pour être établies.
Une décision du Gouvernement d’amputer la bande UHF de plus de 30% rendrait le travail des professionnels techniquement impossible, d’autant que leurs équipements actuels sont encore analogiques. Pour s’adapter à cette nouvelle donne, la recherche de solutions numériques, raisonnables à la fois en termes de coût et de qualité, nécessite encore 4 à 5 ans de développement et est donc irréalisable à court terme.
A l’heure où la France souhaite favoriser le rayonnement de l’exception culturelle hors de l’Hexagone, la décision de mettre aux enchères une bande de fréquences hertziennes indispensable à toute production culturelle interpelle par son incohérence.
Lors d’une précédente amputation de la bande UHF en faveur des télécoms, les professionnels avaient déjà dû supporter, seuls, l’impact économique de la migration de leurs parcs d’appareils vers la bande des 700 MHz. Aujourd’hui, ces mêmes professionnels ne sont pas en mesure d’absorber les répercussions financières d’une nouvelle migration, techniquement plus complexe.
Par conséquent les utilisateurs professionnels et fabricants de liaisons sans fil, souhaitent que le gouvernement français prenne le temps d’une analyse approfondie et concertée, en vue de trouver des solutions techniques et réglementaires satisfaisantes pour l’ensemble des acteurs.
Enfin, si la décision d’octroyer la bande des 700MHz au profit exclusif des télécoms était prise, le calendrier devrait impérativement être repoussé à horizon 2019, afin de permettre l’adaptation de la filière à cette nouvelle amputation du spectre hertzien. Ce calendrier permettra également aux pouvoirs publics d’identifier et d’allouer de manière pérenne aux professionnels que nous représentons des bandes de fréquence présentant les caractéristiques nécessaires au fonctionnement des équipements sans fil dans des conditions de qualité optimales.