Agence spatiale européenne
 

Rédaction
3 mars 2004

La sonde européenne Rosetta, qui doit effectuer un voyage de 10 ans à la rencontre de la comète Churyumov-Gerasimenko, a enfin commencé son aventure mardi, après un retard de 13 mois et deux reports de lancements la semaine dernière. Rosetta a été séparée à O9h31 gmt de la fusée Ariane un peu plus de deux heures après le décollage de Kourou. "C'est un superbe succès", a commenté Jean Yves Le Gall, directeur général d'Arianespace, en direct du centre spatial guyanais. De son côté, David Southwood, directeur de la Science l'Agence Spatiale Européenne annonçait que le centre de contrôle de l'ESA à Darmstadt (Allemagne) était déjà en contact avec Rosetta.. L'Ariane-5 a décollé à 07h17 GMT. Prévu initialement jeudi 26 février, le tir avait été reporté à deux reprises, une première fois en raison de la météo, une seconde fois en raison d'un incident technique mineur. Pour cette mission inédite, l'Ariane-5 G (modèle de base du lanceur européen dans une version améliorée), a réalisé un tour et demi de la Terre avant de se séparer de son précieux passager, à plus de 1.300 km d'altitude. La sonde, construite par EADS-Astrium dans le cadre du programme d'exploration du système solaire de l'ESA, entame désormais son long voyage solitaire vers la comète, qu'elle n'atteindra qu'en août 2014. A 500 millions de kilomètres de la Terre, elle devra alors se mettre sur orbite autour de la comète et entamer la phase principale de sa mission : l'étude du noyau de Churyumov-Gerasimenko et de son environnement. En novembre 2014, un robot-atterrisseur, Philae, emporté par le vaisseau-mère, devra procéder à l'opération la plus spectaculaire de la mission en se posant sur le noyau cométaire pour tenter de fournir des informations sur sa nature et sa composition. L'objectif scientifique de cette mission, qui permettra de mieux comprendre le rôle des comètes dans la formation de notre planète, se double d'un défi technique d'une ampleur inédite : pour atteindre sa cible la sonde devra ricocher comme une boule de billard grâce à quatre assistances gravitationnelles: Terre, Mars, Terre, Terre. Un grand nombre des instruments scientifiques complexes sont installés sur un seul côté de l'engin, qui doit en permanence faire face à la comète pendant la phase d'opérations. Il sera soumis à des températures extrêmes, celle de l'espace lointain et celle du voisinage d'une comète active. Première mission au-delà de la ceinture d'astéroïdes, Rosetta sera propulsée exclusivement par l'énergie solaire et non par des générateurs thermiques traditionnels. Le système de propulsion alimenté par deux panneaux solaires géants - de 32 mètres d'envergure une fois déployés et d'une surface totale de 64 mètres carrés - permettra à l'engin de fonctionner jusqu'à 800 millions de kilomètres du Soleil, là où le niveau de la lumière n'est que de 4% de ce qu'il est sur Terre. L'engin principal mesure 2,8 x 2,1 x 2,0 mètres. Au lancement, le véhicule pesait 3.000 kg, dont 165 kg de charge scientifique pour l'orbiteur et 200 kg pour l'atterrisseur. Dès que Philae se posera, deux harpons seront actionnés pour l'accrocher à la surface, en raison d'une gravité extrêmement faible. La France est impliquée dans "tous les champs d'exploration" de cette mission, dont le potentiel est "spectaculaire", selon l'astrophysicien français Jean-Pierre Bibring, responsable scientifique de l'atterrisseur. La contribution française à la mission atteint 220 millions d'euros, soit 22% d'un coût total d'environ un milliard d'euros.

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