Le président de France Télévisions, Patrick de Carolis, a plaidé pour un service public audiovisuel qui n'ait pas pour unique vocation de répondre à la demande non couverte par le privé, ce qui le condamnerait à une "austérité ennuyeuse". "Les services publics n'ont pas pour vocation de répondre uniquement à la demande qui n'est pas couverte par le secteur privé", a-t-il estimé à l'ouverture d'un colloque à Strasbourg sur les médias de service public à l'ère numérique. Selon lui, il faut éviter une "télévision à deux vitesses" avec "d'un côté, les paillettes du secteur commercial et de l'autre, l'austérité un peu ennuyeuse du service public". Patrick de Carolis s'était déjà élevé récemment contre les critiques de Nicolas Sarkozy qui avait jugé les programmes de France Télévisions trop semblables à ceux des chaînes privées. De nombreux participants au colloque, parmi lesquels le président du BBC Trust, l'organe de surveillance de la radio-télévision publique britannique Sir Michael Lyons, et celui du Conseil supérieur de l'audiovisuel, Michel Boyon, ont appelé la Commission européenne à faire preuve de "souplesse" et de "pragmatisme" dans sa révision des réglementations applicables aux services publics de radiodiffusion en Europe, actuellement à l'étude. La Commissaire européenne à la Concurrence, Neelie Kroes, a rappelé que Bruxelles était très attaché à encadrer "les aides d'Etat dans des limites équitables" de façon à éviter qu'elles ne donnent lieu à des surcompensations qui pourraient financer des activités commerciales des opérateurs publics. Il existe actuellement dans l'UE une grande variété de modèles de financement de l'audiovisuel public. Certains sont, comme en Grande-Bretagne, entièrement basés sur la redevance. D'autres, en Allemagne notamment, offrent un accès restreint aux ressources publicitaires. "Quel que soit le modèle choisi, il est essentiel que chaque service public puisse autofinancer son propre développement" et que "la notion de service public ne (soit) pas automatiquement liée à la gratuité", a souligné Patrick de Carolis. Il est ainsi normal que certains services numériques comme la vidéo téléchargeable à la demande soient payants, dans le respect des règles commerciales, a-t-il estimé. En tout état de cause, "rien ne serait pire qu'un service public auquel on interdirait le marché des services (numériques) au motif qu'il bénéficie de financements publics", a conclu le président de France Télévisions.
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