Europe
 

Rédaction
7 décembre 2001

Les ministres des Transports des Quinze sont sous pression à Bruxelles pour se décider sur le projet Galileo de navigation par satellite, la Commission ayant menacé de jeter l'éponge face aux atermoiements des Etats membres. La Commissaire européenne aux Transports Loyola de Palacio a prévenu: les Etats membres doivent donner un feu vert politique définitif d'ici la fin décembre sur ce projet phare qualifié de "stratégique", mais dont le coût de développement, estimé à plus de 3 milliards d'euros, suscite les inquiétudes de plusieurs pays. Si les ministres des Transports ne se décident pas vendredi, il n'y aura plus que le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de Laeken pour sauver le projet du naufrage, a averti la Commission. "A force de retarder, de demander des papiers et d'autres vérifications supplémentaires, Galileo perdrait une bonne partie de son intérêt et donc de sa rentabilité", a souligné jeudi le porte-parole de Mme de Palacio. Galileo, qui doit permettre de concurrencer le système américain de navigation par satellite GPS (global positionning system), nécessiterait le lancement de 30 satellites. La France, l'Italie et l'Espagne notamment sont prêtes à se lancer dans l'aventure, mais cinq pays (Royaume-Uni, Danemark, Pays-Bas, Autriche et Suède) réservent encore leur réponse. Ces Etats craignent les dérives financières du projet d'infrastructure le plus ambitieux jamais porté par l'Union européenne. "Certains Etats membres demandent une visibilité financière au-delà des 5 prochaines années, pour pouvoir dire à leurs contribuables +cela coûtera tant et pas plus+", a résumé une source diplomatique à Bruxelles. "Mais dans un projet de cette envergure, il est extrêmement complexe de tout calculer au millimètre près", a ajouté cette source. Pour se prémunir contre les risques de dérive des coûts, les pays réticents demandent que le secteur privé prenne en main le projet le plus vite possible et le plus largement possible, et ne veulent pas donner leur feu vert tant qu'ils n'ont pas obtenu satisfaction. Le Royaume-Uni par exemple souhaite qu'un opérateur privé soit désigné très rapidement, dès 2002, pour diriger les opérations. A l'inverse, d'autres Etats membres ainsi que la Commission soulignent l'urgence de se lancer dès maintenant, quitte à attendre un peu avant de définir les modalités d'intervention du secteur privé dans le dossier. D'autant que pour les prochaines années Galileo est entièrement financé par les 1,25 milliard d'euros déjà promis par la Commission européenne et l'Agence spatiale européenne. A partir de son entrée en fonction en 2008, Galileo doit offrir à tout un chacun, moyennant un boîtier spécial, la possibilité de se situer géographiquement à 5 ou 10 mètres près. Selon ses promoteurs, le système permettra également de révolutionner la gestion du trafic aérien, d'aider les automobilistes à éviter les embouteillages et les transporteurs à mieux suivre leur flotte. Mardi, les groupes Thales, Eutelsat, Telespazio (Telecom Italia), Kongsberg Seatex, Septentrio et FDC, présents dans le secteur aval (terminaux, applications, services) du projet se sont en tout cas déclarés "prêts à travailler ensemble et à jouer un rôle de développeur de services" auprès du futur maître d'oeuvre de Galileo.

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