L'examen de la réforme de l'audiovisuel public a connu un début agité mercredi au Sénat avec une gauche offensive qui a quitté l'hémicycle pour protester contre le fait que la mesure phare -la suppression de la publicité- est déjà appliquée, et une majorité divisée. Il s'agit d'une "atteinte aux droits fondamentaux du législateur", "nous refusons de vous écouter", a lancé le patron des sénateurs PS, Jean-Pierre Bel, à la ministre de la Culture Christine Albanel en début de séance, avant d'entraîner ses troupes hors du Palais du Luxembourg pour rejoindre une manifestation de salariés de France Télévisions dont une partie était en grève. "C'est très grave, c'est une manière de dédaigner, d'humilier les sénateurs et sénatrices, une pratique gouvernementale délinquante", a renchéri l'ancien ministre de la Culture communiste, Jack Ralite. Les élus de gauche devaient ensuite revenir pour assister à la discussion. La suppression de la publicité sur France Télévisions après 20H00, prévue par le texte, est entrée en vigueur lundi, le conseil d'administration de France Télévisions ayant anticipé cette mesure sur injonction du gouvernement. "Cette évolution semble d'ores et déjà très appréciée de tous les Français", a répondu Mme Albanel. "C'était une demande forte de France Télévisions que de travailler sur l'année calendaire. Les équipes s'y sont préparées et (...) les annonceurs publicitaires l'ont anticipée dès le mois de septembre", a-t-elle argumenté. Pour elle, c'est "l'obstruction rencontrée pendant près de quatre semaines lors du débat parlementaire à l'Assemblée Nationale" qui "a relancé la question du calendrier". Cette situation provoque aussi des remous au sein de la majorité UMP et centriste et lesrangs de l'UMP étaient particulièrement dégarnis au Sénat. "C'est un manque d'égards vis-à-vis du Sénat, on aurait pu se débrouiller autrement", commentait Philippe Dominati (UMP, Paris) dans les couloirs. "La commission Copé avait proposé que la suppression de la publicité ne débute qu'en septembre prochain, ce choix aurait laissé plus de temps au débat", a regretté un des rapporteurs du texte, Catherine Morin-Desailly (Union Centriste). "Nous y voyons une marque de mépris pour le parlement", a critiqué l'orateur centriste Hervé Maurey. Il a réclamé par ailleurs une hausse de la redevance télévisée et une redevance pour les résidences secondaires. L'UMP n'ayant pas la majorité absolue, les voix centristes sont indispensables au gouvernement pour faire passer le texte. Une longue bataille s'annonce donc sur la question du financement de l'audiovisuel public dont les centristes, qui réclament une hausse de 2 euros de la redevance, font une question de principe. "Le groupe UMP aborde ce débat dans un esprit constructif et d'ouverture et sera attentif aux contributions et amendements", a convenu l'oratrice de l'UMP, Catherine Dumas. Pour le PS, David Assouline a fustigé un projet qui vise "à affaiblir" le service public au profit du privé et à "remettre en cause son indépendance". Il s'est dit persuadé que "tout n'est pas joué d'avance" car "nous avons le pouvoir de délibérer autrement qu'aux ordres". Le groupe PS défendra 140 amendements de fond et le PCF environ 80. La gauche devait défendre également six motions de procédure. La réforme de l'audiovisuel public, inscrite en urgence (une lecture par assemblée), a été adoptée en première lecture par l'Assemblée nationale après un débat-marathon houleux de 80 heures. La discussion au Sénat est prévue jusqu'au 15 janvier.
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