L'avènement de la télévision numérique terrestre (TNT), prévu fin 2002, permettra de proposer à la majorité des téléspectateurs "de passer de 6 à 33 chaines", dont une quinzaine gratuites, a indiqué Catherine Tasca, ministre de la Culture et de la Communication. Ces chaînes s'accompagneront d'une "meilleure définition de l'image et du son et de services interactifs", a-t-elle précisé à l'Assemblée nationale lors de l'examen en première lecture du budget de la communication. "Notre objectif est de donner le jour à une télévision enfin sortie de l'étau trop étroit" du réseau hertzien, a-t-elle expliqué. Des ressources en capital seront prévues pour les nouvelles chaînes publiques de la TNT pour une dotation d'un montant total d'un 1 milliard de francs (150 millions d'euros). Une première tranche a été fixée par le Premier ministre à 350 millions de francs (53,36 millions d'euros) et sera versée dès 2002, a précisé Mme Tasca. "Le versement s'effectuera par tranches parce qu'il faut pouvoir notifier cette contribution à Bruxelles, a-t-elle expliqué. A ceux qui s'inquiètent des moyens de financement de la TNT, et notamment d'un manque de publicité, elle a rétorqué : "Vous qui êtes tant les chantres de la liberté d'entreprise, pourquoi êtez-vous tellement en demande d'Etat ?" Le numérique terrestre "doit être une bouffée d'air pour la démocratie. C'est la fin de la rareté et le début de l'ère moderne pour la télévision", a estimé Didier Mathus (PS, Saône-et-Loire), rapporteur de la Commission des affaires culturelles. "Depuis quelques semaines il y a une offensive energique contre le numérique. Les prises de position de TF1 et M6 ressemblent beaucoup" aux "syndicats des bénéfices acquis", a-t-il ajouté, estimant que les "intérêts spécifiques" des deux chaînes sont "en contradiction avec l'intérêt général". "Le passage au numérique est objectifement inéluctable", a-t-il ajouté, soulignant que 75% des foyers ne reçoivent en tout et pour tout que 5 chaînes hertziennes. Selon lui, les obstacles techniques ne sont pas insurmontables et la TNT "n'est pas le satellite du pauvre", mais l'occasion, pour l'audiovisuel public "de rompre avec les rigidités héritées de l'âge bureaucratique de la télévision". Le pdg de TF1 Patrick Le Lay a qualifié la TNT d' "approche marxiste de la télévision (...). Si sa seule crainte c'est de voir le système télévisuel actuel battu un peu en brèche, eh bien allez, soyons un peu marxistes", s'est exclamé de son côté Michel Françaix (PS, Oise), dénonçant une télévision où les spectateurs se focalisent sur les animateurs aux dépens du contenu des reportages ou des magazines, et qui est "un miroir quand ce n'est pas un judas pour épier son voisin". La vision de la TNT "n'est pas une vision marxiste, c'est une vision bureaucratique", selon Laurent Dominati (DL, Paris) pour qui "il faut une loi qui fasse passer l'audiovisuel à une ère de liberté". La TNT "ne pourra pas se développer dans le conflit", a averti Pierre-Christophe Baguet (UDF, Hauts-de-Seine), qui réclame un débat avec le CSA et les différents acteurs concernés. Enfin, l'association Les Pieds dans le PAF s'est inquiétée dans un communiqué "du coût important pour les particuliers de l'équipement nécessaire pour la TNT", souhaitant des mesures d'aide en faveur des populations les moins favorisées. Le budget de la communication, examiné dans la nuit de vendredi à samedi par les députés, sera soumis au vote à la suite de l'examen des crédits de la culture, prévu lundi 19 novembre. Le projet de loi des Finances 2002 prévoit une hausse de 3,2% du budget de la communication à 3,241 milliards d'euros (21,260 milliards de francs). Les socialistes et les communistes ont indiqué qu'ils étaient en faveur de l'adoption des crédits de la communication, tandis que l'UDF, Démocratie Libérale et le RPR se sont prononcés contre.
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