Pendant la campagne électorale, plusieurs règles imposées aux médias audiovisuels, sur la stricte égalité des temps de parole ou la publication des résultats, ont été qualifiées d'"absurdes" ou de "désuètes", conduisant les journalistes à réfléchir à des assouplissements. Les Sociétés de journalistes (SDJ) de RTL, Europe 1, Radio France, France 2 et France 3 ont écrit au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) pour faire part de leurs "interrogations, pour ne pas dire (leur) consternation", devant les règles imposées par la haute autorité de l'audiovisuel. Du 20 mars au 9 avril, les radios et télévisions ont été tenues d'appliquer l'égalité du temps de parole entre les douze candidats. A partir du 9 avril, elles devaient respecter l'égalité du temps de parole et du temps d'antenne, avec obligation de diffuser ces compte-rendus, commentaires et présentations à des heures comparables. Ces règles, édictées par le CSA, visent à garantir le pluralisme. Mais "leur rigidité" contraint les journalistes à "remplir des cases et faire des comptes, et non pas effectuer un véritable travail d'information, de choix, de hiérarchisation et d'éclairage", estime Marie-Bénédicte Allaire, vice-présidente de la SDJ de RTL. "Il faut passer du Schivardi (candidat soutenu par le Parti des travailleurs: ndlr), donc on fait un son de Schivardi, sur n'importe quoi", ajoute-t-elle. "Qu'il faille inciter les médias à donner la parole à tout le monde, c'est une excellente chose et personne ne remettra cela en question car sinon, effectivement, on ne parlerait jamais des petits candidats", souligne Hélène Risser, journaliste à Public Sénat et auteur de livres sur les médias. Mais "ces règles de stricte égalité du temps de parole n'aboutissent pas à une information satisfaisante du citoyen". Le CSA n'a pas répondu à la lettre des SDJ mais les journalistes ont entamé la réflexion sur l'assouplissement de ces règles. On pourrait ainsi pondérer quelque peu la stricte égalité par le poids des partis, en prenant en compte les résultats des élections précédentes, présidentielle, mais aussi législatives, européennes et locales. Autre piste: autoriser les médias à équilibrer les temps de parole des candidats sur une période plus étendue que lors de cette campagne, où les compteurs étaient remis à zéro chaque semaine. Ces règles sont d'autant plus critiquées que "l'on est passé du rien au tout", avec "une polarisation sur Royal et Sarkozy" pendant près d'un an, jusqu'à quelques semaines du premier tour, souligne Hélène Risser. "On pourrait peut-être être plus exigeant sur l'accès aux médias de tous les partis en période de pré-campagne". Pour Pierre Leroux, sociologue des médias à la faculté d'Angers, "l'ordre inversé des échéances électorales (législatives puis présidentielles) et un recours à plus ou moins de proportionnelle" élargiraient "les possibilités de débat entre les différents courants de la vie politique lors de la présidentielle". Quant à l'interdiction édictée par la loi française de publier des estimations sur le résultat d'une élection avant la fermeture du dernier bureau de vote à 20H00, elle a été mise à mal le 6 mai par les sites de médias suisses et belges. Ils ont donné les chiffres des sondages sortis des urnes dès 17H30 tandis que les blogueurs, eux, filaient la métaphore pour faire clairement comprendre aux internautes que Nicolas Sarkozy était le vainqueur. La loi punit de 75.000 euros d'amende la publication des résultats avant 20H00, afin de ne pas influencer les électeurs. Mais Gilles Bachelier, rapporteur de la commission nationale de contrôle, reconnaissait pendant la campagne qu'il faudra "remettre tout ça à plat".
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