Le patron de la société de construction spatiale russe RKK Energuia, Nikolaï Sevastianov, s'est inquiété mercredi de l'avenir des programmes spatiaux en Russie, face à la concurrence américaine et chinoise. "Les Etats-Unis et la Chine sont en train de développer de nouveaux systèmes de transports spatiaux. Si nous ne commençons pas nous aussi d'ici un ou deux ans la création d'un nouveau système de transport spatial, nous risquons de prendre du retard sur nos collègues, et particulièrement sur les Etats-Unis qui ont promis de créer Orion d'ici 2014", a estimé M. Sevastianov. RKK Energuia est en train de développer un nouveau projet ambitieux, celui de la navette spatiale réutilisable Clipper, qui pourrait remplacer les vaisseaux Soyouz, mais l'Etat ne prévoit aucun financement de ce projet, a regretté le responsable, lors d'une conférence de presse à la veille du 46e anniversaire du vol de Iouri Gagarine dans l'espace. "Nous sommes prêts à réaliser ce programme avec la participation des investisseurs privés, mais je pense que c'est avant tout l'Etat qui doit y investir", a souligné M. Sevastianov, précisant que le coût du projet est estimé entre 50 et 60 milliards de roubles (1,9 et 2,3 milliards de dollars). "En 2014, nos Soyouz risquent d'être considérés comme trop vétustes et peu confortables", a-t-il dit, en présentant aux journalistes une maquette du nouveau Clipper, un vaisseau à six places et beaucoup plus spacieux que le Soyouz. La Russie a actuellement "une chance unique" de progresser dans le secteur spatial, a-t-il encore estimé. "Nous avons encore des cadres et une expérience énorme. Nous ne pouvons pas prendre du retard", a-t-il conclu. RKK Energuia a créé le premier satellite soviétique Spoutnik, le premier vaisseau spatial Vostok qui a emmené le premier homme dans l'espace le 12 avril 1961, le premier missile balistique et les vaisseaux Soyouz qui continuent à emmener des cosmonautes dans l'espace.