L'animateur Karl Zéro, mis en cause dans l'émission de Marc-Olivier Fogiel "On ne peut pas plaire à tout le monde" le 10 octobre par les avocats de Patrice Alègre, a été débouté hier après avoir demandé en référé la lecture d'un communiqué de protestation dans l'émission de la soirée. L'animateur de Canal+ estimait que Mes Gilbert Collard et Edouard Martial avaient porté atteinte à sa présomption d'innocence en déclarant qu'il aurait "monnayé la lettre de Patrice Alègre" qu'il avait lue dans sa propre émission "Le vrai journal", sur Canal+, le 1er juin. Mais le juge des référés a rappelé que le code civil ne protégeait que la présomption d'innocence des personnes visées par une enquête ou une mise en examen, ce qui n'est pas le cas de Karl Zéro, de son vrai nom Marc Tellenne. Patrice Alègre confirmait dans cette lettre ses déclarations faites le 30 mai devant le juge d'instruction, dans lesquelles il reconnaissait pour la première fois les meurtres d'une prostituée et d'un travesti en 1992. L'animateur reprochait encore aux avocats d'avoir dit qu'il avait obtenu frauduleusement une lettre écrite par un prisonnier, mais là encore le juge a estimé qu'il n'était pas établi que ce fait fasse l'objet d'une enquête. L'atteinte à la présomption d'innocence est "le fait de présenter publiquement, avant toute condamnation, une personne comme coupable des faits faisant l'objet d'une enquête ou d'une instruction judiciaire", a relevé le magistrat. Il a rappelé que cette notion ne doit pas être confondue avec "l'imputation d'être l'auteur d'une infraction pénale, laquelle peut éventuellement être poursuivie sur le terrain de la diffamation", ce que n'a pas fait Karl Zéro. Me Collard s'est réjoui de la décision du tribunal, y voyant la confirmation que les avocats de Patrice Alègre "n'ont pas porté atteinte à la présomption d'innocence de Karl Zéro". "Peut-être faut-il mieux respecter la présomption d'innocence des autres pour être sûr de voir la sienne respectée", a-t-il ajouté à l'intention du journaliste de Canal Plus.