Depuis quelques années, un phénomène frappe de plein fouet l'industrie audiovisuelle : la flambée des coûts de production et des taxes. Films et séries atteignent des budgets astronomiques, alimentés par des effets spéciaux spectaculaires, des tournages internationaux et surtout des cachets d'acteurs souvent exorbitants. Si cette surenchère nourrit un contenu toujours plus impressionnant, elle pèse lourdement sur les plateformes de streaming et, in fine, sur les abonnés.
Un miroir du football : quand les prix explosent, le public décroche
Le secteur audiovisuel n'est pas le seul à souffrir de cette inflation des coûts. Prenons l'exemple du football : les droits audiovisuels des grandes compétitions comme la Ligue des champions ou la Premier League atteignent des montants vertigineux. Résultat ? Les plateformes spécialisées répercutent ces coûts sur leurs abonnés. En France, suivre l'intégralité du sport nécessite plusieurs abonnements cumulant des prix mensuels dépassant les 50 €, parfois même 100 € pour les plus passionnés.
De la même manière, les plateformes de streaming comme Netflix, Disney+ ou Amazon Prime Video, autrefois abordables, gonflent leurs tarifs pour compenser des dépenses de production faramineuses et les taxes pour satisfaire le moindre lobby. C'est dans ce contexte que le piratage redevient une échappatoire.
Le piratage : une réponse brutale mais inévitable face à la brutalité des augmentations
Pour beaucoup, le piratage est devenu une solution par défaut. Avec des abonnements qui grimpent au-delà des 20 € par mois pour un seul service, l'accès légal à la culture et au divertissement devient un luxe. Sans oublier que multiplier les plateformes pour accéder à l'ensemble des contenus (séries, films, compétitions sportives) est tout simplement hors de portée pour de nombreux foyers. Ceux qui ne peuvent plus suivre ces hausses se tournent donc vers des alternatives illégales mais gratuites.
Ce retour du piratage n'est pas un hasard. Il s'agit d'un signal clair : lorsque les industries audiovisuelles et sportives oublient l'accessibilité économique, elles poussent une partie de leur public vers le darknet ou les sites de streaming illégal.
Le sandwich fiscal français : une cerise sur le gâteau empoisonné
En France, le prix des abonnements subit également l'effet d'une taxation en cascade. Entre TVA, taxes spécifiques au secteur audiovisuel et redevances diverses, les opérateurs doivent supporter des charges considérables, qu'ils répercutent évidemment sur les abonnés. Ce « sandwich fiscal » alourdit les factures et exacerbe l'écart entre l'offre légale et le piratage.
Netflix : du chevalier blanc au symbole d'une dérive
À ses débuts, Netflix incarnait une révolution. Avec des tarifs abordables, une bibliothèque généreuse et une interface intuitive, la plateforme avait réussi à réduire considérablement le piratage mondial. Entre 2015 et 2018, les torrents de films et séries perdaient du terrain face à une offre légale compétitive. Mais cette époque semble une nouvelle fois révolue.
Depuis quelques années, la multiplication des plateformes (Disney+, Amazon Prime, Max, Paramount+...) et l'explosion des prix ont inversé la tendance. Désormais, un abonnement Netflix seul ne suffit plus : il faut jongler entre plusieurs services, chacun demandant une contribution mensuelle salée. Résultat : en moins de cinq ans, le piratage a repris sa progression. Le modèle économique vertueux s'effondre, victime de sa fragmentation.
Quelle solution pour un accès équitable à la culture et au divertissement ?
L'industrie audiovisuelle et les diffuseurs sportifs doivent entendre le message. Proposer une offre légale, accessible et centralisée est essentiel pour endiguer le piratage. Réduire les coûts de production, limiter la surenchère des cachets et alléger les charges fiscales pourraient également participer à rendre la culture et le sport accessibles à tous.
En attendant, le piratage reste une échappatoire pour ceux qui ne peuvent plus suivre la montée des prix. Il ne s'agit pas de le justifier, mais de comprendre qu'il reflète une crise d'accessibilité. Si les géants du divertissement continuent sur cette voie, ils risquent de perdre bien plus qu'un abonnement : leur lien avec le public, et ce lien est plus facile et rapide à perdre qu'à gagner.
L'histoire du pain et des jeux
Si l'histoire nous a appris une chose, c'est que pour tenir un peuple en équilibre, il faut lui offrir du pain et des jeux. Dans notre époque moderne, les divertissements ont remplacé les gladiateurs, et les plateformes de streaming sont devenues les arènes numériques où se joue le spectacle. Mais quand le prix de l'entrée devient exorbitant, les gradins se vident et les spectateurs trouvent d'autres moyens de voir le spectacle.
À force de rendre l'accès à la culture et au divertissement inaccessible, on risque de rompre un fragile équilibre. Car un peuple privé de son échappatoire se rebelle. Et à ce rythme, le vin non plus ne suffira plus à calmer les esprits. L'industrie et les décideurs feraient bien de s'en souvenir : si on continue à serrer l'étau, tout le monde finira étouffé.
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6 commentaires
Seul point qui a mon avis est caché derrière de bons sentiments que sont le sport et la culture.
Nous parlons ici d'industries.
Mettre en avant les salaires des acteurs et les taxes n'est pas juste a mon avis.
Les dirigents et surtout les actionnaires en demandent toujours plus aussi.
c'est du business avant tout et pas des plus clean a mon avis.
Je crois qu'il s'agit encore d'une dérive globale aux profits le plus vite possible sans vision ni plan.
Juste faire du pognon.
C’est une histoire de morale et rien d’autre, pirater c’est comme aller chez un receleur pour se fournir en matériel qui est toujours volé.
En plus payer des pirates, c'est alimenter les réseaux mafieux et de narcos, ces mêmes qui viendront vous racketter immanquablement un jour ou l’autre pour vous assurer une protection très illusoire.
Il vaut mieux laisser le système s’écrouler en se limitant ( boycott).
- Qui est-ce ?
- Donnez moi 50% de vos revenus !
- Pour quoi faire ?
- Pour vous protéger !
- Me protéger de quoi ?
- De ce que je vais vous faire si vous ne me donnez pas 50% de vos revenus !
(s'applique à plusieurs activités)
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