Ironie de l'histoire, alors que la gauche lutte actuellement à l'Assemblée contre la suppression de la publicité sur France Télévisions, François Mitterrand défendait il y a 40 ans une motion de censure contre... l'introduction de la "publicité de marque" sur l'ORTF. Le 23 avril 1968, M. Mitterrand, alors à la tête de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), considérait notamment dans sa motion que "l'introduction de la publicité commerciale à la télévision porterait un coup fatal à un grand nombre de quotidiens et d'hebdomadaires", en asséchant leurs propres ressources publicitaires. Lors de sa prise de parole en tant que chef de l'opposition, M. Mitterrand fait preuve d'ironie envers le Premier ministre Georges Pompidou, qui "veut la publicité": "arrière les problèmes de chômage, loin de nous les discussions sur le logement, peu importe l'expansion, il faut la publicité!". Un autre orateur de gauche, Louis Escande, argumente que, "dans les pays où règne la publicité de marques, celle-ci n'a guère contribué à l'amélioration des programmes. Même quand elle est limitée dans le temps, comme en Italie, son style, nécessairement commercial, change le visage de la télévision". "La publicité à la télévision, qu'on l'apprécie ou non, qu'on le souhaite ou non, est inéluctable", répond M. Pompidou à la FGDS, dont l'un des artificiers s'appelait Roland Dumas. "La publicité fait partie des armes de l'économie moderne. Elle est un instrument essentiel de la conquête des marchés. Elle est un facteur capital du développement de la consommation", développe le Premier ministre du général de Gaulle, quelques jours avant les émeutes de mai. A l'occasion de cette motion de censure -repoussée par 244 voix contre 236-, M. Mitterrand et la FGDS demandaient aussi "de définir en commun et solennellement les conditions d'une information politique honnête et équitable". Plus de quarante après, le 15 décembre 2008, le député PS de Paris Patrick Bloche s'inquiète dans l'hémicycle de savoir comment compenser "la funeste baisse au 5 janvier des recettes publicitaires sur France Télévisions". Une décision prise par Nicolas Sarkozy le 8 janvier dernier que la gauche dénonce comme un cadeau aux chaînes privées.
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