Le 6e festival de la fiction TV de Saint-Tropez, réuni du 16 au 19 septembre, a permis aux quelque 1.200 professionnels présents de faire passer le message d'une nécessaire diversification des genres et des formats de la fiction française. France 2, avec "Le silence de la mer" réalisé par Pierre Boutron (meilleur téléfilm, meilleure interprétation féminine pour Julie Delarme et meilleure musique) et la mini-série policière "A cran 2", a raflé une moisson de prix. Mais c'est TF1 avec "Péril imminent" qui a remporté le prix de la meilleure série, "Malaterra" (France 3) en langue d'oc obtenant le prix spécial du jury de la ville de Saint-Tropez. Corinne Touzet ("Une femme d'honneur") est l'héroine de série préférée des Français. Plébiscitée en audience par les téléspectateurs (60 fictions dans le top 100 en 2003), la fiction demeure le genre roi, le seul à dépasser les 10 millions de téléspectateurs (12,2 millions de téléspectateurs pour "L'affaire Dominici" sur TF1), mis à part le football. "La fiction n'est pas en crise sur les chaînes de télévision", a affirmé le directeur général de france 2, Christopher Baldelli, même si les volumes produits (667 heures en 2003 pour la France) sont en régression face à une concurrence européenne vive. Les professionnels de l'audiovisuel (auteurs, producteurs, diffuseurs) regrettent tous l'uniformité des formats et la suprématie de la fiction "unitaire" en 90 minutes pour la première partie de soirée, alors que les 52 minutes s'exportent beaucoup mieux. Quentin Raspail, président du festival et producteur, a estimé que, pour sa sixième édition, le festival était "passé un cran au-dessus". "Ce qui compte c'est le dosage et la diversité", a-t-il déclaré. Il considère que l'ensemble des programmes proposés (16 en sélection plus 13 séries pour le prix public Téléstar/TMC du héros de série préféré des Français) au jury présidé par Claude Brasseur "reflète assez bien ce qu'est la télévision, avec un bon équilibre". M. Raspail a notamment ouvert la sélection du festival aux séries d'avant-soirée ("access prime time") et de journée ("day time") destinées à un public plus jeune. En tant que producteur, il défend l'innovation pour "plus de télévision de curiosité et moins de télévision de proximité. C'est bien de rassurer mais il faut aussi aiguillonner", a-t-il dit. Les chaînes tentent d'innover, à l'image de France 2 qui annonce deux nouvelles séries de 52 minutes - "Clara Sheller" et "Trois femmes flics" -, France 3 qui tente d'installer "Plus belle la vie" en feuilleton quotidien à 20H20 ou Arte qui diffusera en 2005 au quotidien et à 20H15 "Vénus et Apollon" une série de Tonie Marshall, auteur du film "Vénus beauté". Les organisations de scénaristes, de réalisateurs et de producteurs ont profité du festival pour lancer un "cri d'alarme" sur les volumes de fiction produits. La présidente de l'USPA Simone Harari a plaidé pour un meilleur financement des chaînes publiques via la redevance télévisée, qui sera examinée lors du débat budgétaire cet automne. Les professionnels se sont aussi interrogés sur les possibilités d'un "bonus" pour la fiction au travers du DVD, né il y a cinq ans et qui a fait une progression fulgurante. C'est un moyen pour une oeuvre d'exister dans la durée, mais le secteur du DVD souffre d'opacité et de non régulation. Une étude sur ce secteur doit être rendue publique prochainement.