La presse tant nationale que régionale, à l'exception notable du Figaro, critique vivement ce jeudi les mesures annoncées par Nicolas Sarkozy pour réformer l'audiovisuel public, qui aboutiraient à un "retour de l'ORTF". "La gauche en rêvait, Sarkozy l'a fait (...) Ce principe simple, financement public (redevance et taxe) pour les chaînes publiques, financement privé (publicité) pour les chaînes privées, n'est ni de droite ni de gauche. C'est une règle de bon sens", se réjouit Etienne Mougeotte dans Le Figaro. En revanche, pour Laurent Joffrin (Libération), "l'hyperprésident place le secteur public sous son contrôle politique direct". "La France avait mis des décennies à se dégager imparfaitement d'une sujétion archaïque. Elle y revient d'un seul geste (...) Nous vivons une formidable régression", dénonce-t-il. Même son de cloche dans L'Humanité, où Claude Baudry déplore "le fait du prince". "En asséchant à petit feu le service public, apparaît crûment la volonté de le vider de son sens, de le laisser s'étioler tout en laissant croire qu'un audiovisuel public fort est nécessaire", estime-t-il. Dans Sud-Ouest, Frank De Bondt dénonce lui aussi un "retour en arrière": "La suppression de la publicité n'aura finalement servi que de paravent à une opération de beaucoup plus vaste envergure de reprise en main de la télévision publique par le pouvoir politique". Dans La République des Pyrénées, Jean-Marcel Bouguereau juge pour sa part que ce projet revient à "dresser en pointillé l'acte de décès de la télévision publique". "Les inquiétudes ici sont légitimes, à plus forte raison lorsqu'on apprend que le futur patron de la holding sera nommé par l'exécutif, comme au pas très bon vieux temps de l'ORTF", affirme Le Dauphiné Libéré sous la plume de Didier Pobel. "C'est bel et bien au retour de l'ORTF que l'on assiste. A quand la réapparition d'un ministre de l'Information ?" ironise Patrick Fluckiger dans L'Alsace. Même analyse dans L'Indépendant du Midi avec Bernard Revel: "On ne saurait mieux donner l'impression de vouloir contrôler ainsi les chaînes publiques comme au bon vieux temps de l'ORTF". Deux éditoralistes vont même jusqu'à comparer Sarkozy à Berlusconi: "Silvio Berlusconi n'avait pas osé... Nicolas Sarkozy l'a fait", écrit ainsi Michel Lépinay dans Paris-Normandie, tandis que Jacques Camus (La République du Centre) remarque que le président aura été "guidé par l'exemple transalpin". "C'est un projet de mainmise pure et simple de la présidence de la République sur la télévision publique", résume de façon abrupte Olivier Picard dans les Dernières Nouvelles d'Alsace. "En une seule saillie, le chef de l'État a réussi à effacer plus d'un quart de siècle d'émancipation".
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