"Ma femme me dit que j'ai passé l'âge de coller des images mais moi je continue", affirme l'infatigable commentateur de télévision Thierry Roland, 68 ans, qui a coupé le gâteau du 30e anniversaire des images Panini de football en France à la Fédération française (FFF). "J'ai tous les albums depuis 1980. Je les garde soigneusement et de temps en temps, je les feuillette. Hier, par exemple, je me suis amusé à regarder les images de Christian Vieri (nouvelle recrue de Monaco, ndlr) de 1994. Il a beaucoup changé", raconte Thierry Roland. La légende de l'entreprise veut que Giuseppe et Benito Panini, marchands de journaux à Modène dans le nord de l'Italie eurent la géniale idée de vendre des images de footballeurs à collectionner dans un album nommé +Calciatori+ et qu'en 1963, toute la famille travaillait déjà à l'entreprise. A l'époque, il n'était pas question de droits à l'image... Aujourd'hui non plus d'aillleurs: Panini, 100 millions d'euros de chiffre d'affaires en France dont 20 millions provenant des autocollants, refuse de communiquer le montant versé aux joueurs à travers l'UNFP, l'union nationale des footballeurs professionnels. "Les Américains ont essayé de nous piquer le marché plusieurs fois en France, alors le chiffre est confidentiel. Nous versons une somme chaque année à l'UNFP. Ce que je peux vous dire c'est que Philippe Piat, le président de l'UNFP a souvent pris des photos pour nous dépanner", affirme Alain Guerrini, le pdg de Panini France. Selon lui, aucun joueur n'a jamais manqué à l'appel malgré un casse-tête annuel. "Certains clubs ne trouvent de sponsors que sur le tard et ne veulent pas qu'on prenne de photos tant qu'ils n'en ont pas, des joueurs sont absents le jour du passage du photographe... C'est pour ça qu'il y a beaucoup de photos faites avec des appareils de Monsieur tout-le-monde. Et c'est aussi pour cela que j'ai reçu 20 fois en 20 ans la lettre de démission de la même collaboratrice découragée", jure M. Guerrini. Pour le 30e anniversaire des images en France, Panini veut reconquérir un marché qu'il a en partie perdu, passant de 40 millions d'images vendues à quelques millions dans les années 90. La société vise 35 millions d'images vendues en cette année de Coupe du monde. Pour cela, il lui faut séduire sa "coeur de cible" des 5-12 ans tout en gardant ses nostalgiques. "On a des clients de tous les âges comme Monsieur Roland, des trentenaires qui retrouvent des albums dans leurs greniers...", confie David Decloux, responsable marketing du groupe. Ainsi, il est encore possible de commander aujourd'hui des images manquantes d'albums du passé. "Toutes les images invendues sont conservées et peuvent donc être commandées. Tant qu'elles sont disponibles on essaie de satisfaire l'amateur", explique-t-il. La pièce du collecteur? "L'image de Michel Platini du premier album en 1976 est épuisée..." L'ancien numéro 10 de l'équipe de France a d'ailleurs signé l'éditorial de l'album 2006 soulignant: "A l'heure où argent et business font parfois tourner à l'envers la planète football, je me plais à imaginer tout simplement les yeux ronds comme des ballons à l'idée de remplir l'album". "Les joueurs adoraient être dans l'album et savoir qu'ils existaient dans les cours d'écoles, se souvient Thierry Morin, ancien pro du PSG dans de 1976 à 1980. "Moi, qui n'étais pas une star mais aussi mes coéquipiers Bathenay, Baratelli, Rocheteau, Susic... Pour la petite histoire, une fois, mes coéquipiers se sont moqués de moi en disant qu'ils m'avaient vu sur un banc public. En fait, ils avaient vu une image de moi collé sur un banc dans un square".
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