Le chef de l'autorité des télécommunications italienne (AgCom) a vivement critiqué un projet de décret du gouvernement visant à filtrer et parfois empêcher la diffusion de contenus audiovisuels sur internet et à la télévision. "Il y a des aspects à revoir parce qu'ils ne sont pas cohérents avec la directive communautaire" adoptée en 2007, a expliqué Corrado Calabro, président de l'AgCom. Ce décret qui pourrait être approuvé par le gouvernement dès le 5 février, obligerait notamment les chaînes satellitaires à crypter les contenus pornographiques (même payants) en journée et contraindrait les sites internet, y compris Youtube ou Dailymotion, à demander une autorisation préalable de diffusion des contenus audiovisuels au ministère des Télécommunications. M. Calabro s'est dit opposé à un "filtre bureaucratique" précédant la diffusion de vidéos sur le web, rappelant qu'au niveau européen, "la solution de compromis trouvée a été d'envisager des interventions répressives mais toujours a posteriori". Pour le moment, en cas de problèmes avec le contenu diffusé, il est possible de demander à Youtube ou Dailymotion de le retirer. Le vice-ministre des Communications Paolo Romani, auteur du décret, a défendu son projet en affirmant qu'il ne faisait qu'adapter la législation italienne à la directive européenne. L'ancien ministre de gauche des Communications Paolo Gentilini a qualifié ce décret de "vrai scandale" et de "cadeau fait à Mediaset", en sous-entendant qu'il favoriserait le groupe du chef du gouvernement Silvio Berlusconi en pénalisant les autres fournisseurs de programmes de divertissement. Mediaset voit actuellement son audience et ses recettes publicitaires baisser. Le texte est examiné par plusieurs commissions parlementaires qui auditionnent Google, Mediaset, la télévision publique Rai ou le groupe privé Sky. Google, propriétaire de Youtube, a estimé que le décret risquait d'être équivalent à de la censure. Marco Pancini, responsable de la stratégie européenne chez Google, a argué que la directive européenne avait déjà "décidé clairement que les contenus générés par des utilisateurs ne pouvaient pas être réglementés comme des programmes télévisés traditionnels".
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