Martin Bouygues, PDG du groupe du même nom, a de nouveau critiqué vendredi la viabilité d'un quatrième opérateur mobile en France, estimant qu'il sera très difficile pour ce dernier de construire un réseau d'antennes et dénonçant le prix de la licence qui lui sera accordée. Alors que plusieurs recours de riverains, inquiets pour leur santé, ont abouti ces derniers mois à des démontages d'antennes-relais ou l'interdiction d'en implanter, "nous sommes particulièrement gênés, (Bouygues Telecom) ne peut plus déployer de réseau", a expliqué M. Bouygues lors de la présentation des résultats semestriels du groupe. "Je ne vois pas en quoi le gouvernement peut vendre une licence pour déployer un réseau alors même qu'on sait pertinemment que le déploiement est impossible", a-t-il jugé, ajoutant: "en droit privé, vendre un bien ou un service impropre à son usage est un délit". Il a contesté aussi le fait que le nouvel opérateur puisse louer les réseaux des acteurs existants: "il y a un petit problème, c'est une obligation qui ne s'applique que dans un seul cas, quand nous sommes propriétaires des sites en question". "Il se trouve que les trois opérateurs dans les zones urbaines sont locataires des sites dans 96-97% des cas" et "dans les zones non-urbaines, dans 50% des cas": "on ne peut pas obliger un propriétaire à accepter une sous-location à un tiers extérieur alors que le bail ne le prévoit pas", a-t-il dit, jugeant "totalement irréalisable" et "fantaisiste" un tel projet. L'appel à candidatures pour un quatrième opérateur mobile a été publié le 1er août au Journal Officiel. La licence a été coupée en trois lots de fréquences et le prix pour le lot réservé au nouvel entrant a été fixé à 240 millions d'euros, alors qu'Orange (France Télécom), SFR et Bouygues Telecom avaient payé 619 millions chacun, pour des licences entières. Interrogé pour savoir s'il allait, comme Orange, déposer un recours à Bruxelles pour contester ce prix, M. Bouygues a répondu: "oui, nous sommes en train très sérieusement de regarder ce problème". Il a rappelé que lorsque Bouygues Telecom avait obtenu sa licence en 2002, un an après Orange et SFR, ces derniers avaient obtenu un réajustement du prix qu'ils avaient payé au niveau de celui déboursé par Bouygues, passant ainsi de 4,95 milliards à 619 millions. "Quand on passe de 600 millions à 240, il doit être normal aussi qu'on nous rembourse", a-t-il estimé. Le fournisseur d'accès internet Free (Iliad) apparaît comme favori pour décrocher cette quatrième licence.
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