L'opérateur satellitaire Eutelsat a expliqué jeudi son choix de recourir à une fusée chinoise pour l'un de ses satellites par un impératif de calendrier, dans un contexte de raréfaction des capacités de lancement jugé problématique, mais aussi par son prix avantageux. La "garantie de la date de lancement a été un facteur prépondérant dans le choix que nous avons fait" en faveur de la fusée Long March, a déclaré à l'AFP Jean-Paul Brillaud, directeur général délégué du groupe européen. Le satellite W3B doit en effet impérativement remplacer à temps un autre satellite afin d'éviter une interruption de service. Les opérateurs de télécommunication par satellite - comme Eutelsat, le luxembourgeois SES ou l'américain Intelsat - font aujourd'hui face à "un manque de capacités" pour leurs besoins en lancement de satellites, a regretté M. Brillaud, qui s'exprimait par téléphone depuis Washington, où il participait à la convention "Satellites 2009". Les fusées américaines Atlas et Delta se sont en effet retirées du marché commercial pour se consacrer uniquement à leur marché gouvernemental, rappelle-t-il. Mais il y a aussi "une question de prix" dans le choix de la fusée chinoise Long March, alors qu'Ariane "a augmenté ses prix de manière significative", reconnaît M. Brillaud. Cependant Eutelsat souhaite "continuer" à donner une "part prépondérante à Ariane" tout en ayant "la possibilité d'avoir recours à un ou deux lanceurs" concurrents pour assurer la diversité de ses sources, selon lui. En 2008-2010, Eutelsat a prévu de lancer trois satellites avec Ariane, 2 avec Sea Launch, 2 avec Proton et un avec Long March. Par ailleurs le constructeur du satellite W3B, Thales Alenia Space, "assure que le satellite est conforme à la réglementation Itar" (International Traffic in Arms Regulation), qui restreint l'exportation à certains pays de matériels et de composants sensibles fabriqués aux Etats-Unis, rappelle M. Brillaud. "Il n'y a pas de contournement de la réglementation", a-t-il assuré. Le choix d'un lanceur chinois par Eutelsat avait été vivement critiqué la veille par le PDG de l'européen Arianespace, Jean-Yves Le Gall, qui s'était dit "choqué" de cette décision.
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