La Chine a lancé avec succès mercredi son premier satellite d'exploration lunaire, inaugurant un ambitieux programme visant à envoyer un astronaute sur la Lune vers 2020. Le satellite Chang'e, du nom d'une déesse de la mythologie chinoise, a été propulsé par un lanceur Longue Marche 3-A depuis la base de Xichang, dans le Sichuan (sud-ouest), peu après 18H00 (10H00 GMT), selon les images retransmises en direct par les chaînes de télévision nationales. Moins de 30 minutes après le lancement, Chang'e 1 s'est séparé de la fusée comme prévu, a indiqué le centre de contrôle, cité par l'agence officielle Chine Nouvelle. Puis le directeur du centre, Li Shangfu, a annoncé le succès du lancement après que le satellite eut atteint l'orbite terrestre et déployé son panneau solaire. Si tout se passe comme prévu, le satellite sera placé en orbite à 200 kilomètres au-dessus de Lune aux alentours du 5 novembre. Ce lancement "marque une autre étape importante pour le programme spatial chinois après les satellites et les vols habités", a déclaré le vice-Premier ministre Zeng Peiyan, présent au centre. Pour sa part, le numéro un chinois Hu Jintao s'est félicité du succès du lancement. Des centaines de journalistes chinois et plus de 2.000 touristes venus de tout le pays, qui avaient payé 800 yuans (105 dollars, 75 euros), ont pu y assister depuis deux plateformes d'observation de la base de Xichang, au milieu des montagnes verdoyantes. Le satellite doit prendre des images en trois dimensions de la Lune pour préparer l'installation à terme d'une base, soulignent les spécialistes. Le programme, qui doit durer un an, a coûté 184 millions de dollars (129 millions d'euros). La quatrième économie mondiale est devenue en 2003 le troisième pays avec les Etats-Unis et la Russie à envoyer par ses propres moyens des êtres humains dans l'espace. "Ce lancement est la suite logique de la maîtrise de l'activité spatiale par la Chine qui a commencé avec les lanceurs, qui s'est poursuivi avec les satellites, puis les vols habités", a expliqué à l'AFP Philippe Coué, spécialiste du programme spatial chinois et auteur de "La Chine veut la Lune". "Mais pour être une puissance spatiale à part entière, il faut explorer les corps célestes et faire des missions planétaires", a-t-il ajouté. D'autres puissances asiatiques, comme le Japon et l'Inde, se sont également engagées dans la conquête de la Lune. Le Japon a lancé à la mi-septembre son premier engin destiné à tourner en orbite autour du satellite naturel. L'Inde espère elle aussi envoyer un satellite autour de la Lune au premier semestre 2008. "Il y a de nouveau un intérêt très accru pour la Lune, car on considère que c'est un premier pas pour aller ensuite sur Mars", a expliqué à l'AFP René Oosterlinck, directeur des relations extérieures de l'Agence spatiale européenne (ESA). Luan Enjie, responsable du projet Chang'e, a indiqué mercredi à l'agence officielle Chine Nouvelle que "la Chine ne s'engagera(it) dans aucune course à la conquête de la Lune avec d'autres pays". "Conformément à sa politique d'usage pacifique de l'espace, la Chine partagera les résultats de l'exploration lunaire avec le monde entier", a-t-il affirmé. La Chine a indiqué récemment vouloir rejoindre les 16 nations déjà présentes au sein de la Station spatiale internationale (ISS). Pour Philippe Coué, l'aventure spatiale chinoise permet aussi à la Chine de "prendre sa revanche sur l'Occident". "Pour les Chinois, l'Occident à partir de la Renaissance a commencé à conquérir le monde, une conquête lui a donné une puissance technologique et un avantage. Je pense que les Chinois sont persuadés que reprendre les rênes de l'exploration les remet au plus haut niveau", dit-il.
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