Dans le processus inéluctable de la numérisation de la diffusion radiophonique et télévisée, la République tchèque reste très en retard sur ses voisins et l'Europe en général, en ce qui concerne la TNT. Alors que la Radio tchèque et la Télévision tchèque, deux sociétés d'intérêt public, avancent à grand pas dans la numérisation, les chaînes privées sont confrontées à de graves obstacles qui sont la cause du retard de la mise en service de la TNT sur tout le territoire de la République tchèque. A la fin de cette décennie, la diffusion analogique de la télévision devrait disparaître au profit du numérique. Aujourd'hui, pourtant, un seul multiplex est en service régulier, alors que les autres ne diffusent qu'à titre expérimental et sur un territoire restreint. Le premier obstacle réside dans la législation. Alors que le Conseil pour la diffusion radiophonique et télévisée (Conseil de l'audiovisuel) délivrait les licences analogiques aussi bien pour le contenu des émissions que pour la répartition des fréquences, dans le cas du numérique, il ne s'agit que du contenu. La législation n'est pas claire et la loi sur les communications électroniques reconnaît, certes, le terme de multiplex d'intérêt public, le « mux A » utilisé par la Télévision et la Radio tchèque, mais ces derniers contestent cette appellation, car ce mux est utilisé aussi par la chaîne privée Nova. D'autres lacunes existent dans la législation : conditions d'obtention des licences pour le numérique, abandon des fréquences analogiques... Pour Fero Fenic, le directeur du festival du film documentaire Febiofest, mais aussi de Febio TV qui a demandé et obtenu une licence, le problème réside surtout dans un manque d'intérêt du gouvernement et des autorités pour le développement de la TNT. Il avance aussi le fait que les deux grosses chaînes privées de télévision, Nova et Prima, retardent intentionnellement la numérisation. Pourquoi ? Avec l'apparition de nouvelles chaînes, le gâteau de la publicité et ses importants revenus devra être partagé en beaucoup plus de parts. Aujourd'hui, la TNT en service régulier ou expérimental existe à Prague, Brno, Ostrava et Domazlice. Elle offre, sur deux multiplex, les chaînes nationales publiques et privées et quelques autres chaînes, musicales ou spécialisées. Face à cette réalité, le citoyen tchèque ne s'y intéresse pratiquement pas. Après un boom de la vente des terminaux numériques, lors du Championnat du monde de football, au début de l'année, les ventes sont en stagnation. En effet, quel est l'intérêt pour le « monsieur tout le monde tchèque » ? Aucun, les mêmes chaînes que sur l'analogique, avec une dépense en plus, le terminal. L'offre des satellites ou du câble est bien plus riche avec la même dépense. Une excuse à cette situation peut-être : la crise gouvernementale qui traîne en longueur depuis plus de six mois. Les spécialistes tirent le signal d'alarme : le téléspectateur tchèque pourrait bien se retrouver sans image sur son petit écran si le problème de la TNT n'est pas réglé rapidement. En plus de cela, le simple citoyen reste très peu informé sur la TNT, ses problèmes, ses avantages, son avenir.
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