Directeur de France Inter de 1989 à 1996, puis directeur de France Musiques de 1999 à 2004, le journaliste Pierre Bouteiller publie chez Robert Laffont, sous le titre "Radioactif", des souvenirs doux-amers sans prétention sur le monde de la radio et règle quelques comptes. Candidat fin 1995 à la présidence de Radio France, il est battu sur le fil par Michel Boyon, "énarque, giscardien, ancien du cabinet Léotard", un homme, écrit-il, qui "tout au long de ses cinq années de présidence à Radio France, eut toujours du mal à distinguer un micro d'un grille-pain". Il déplore surtout d'avoir été mis à la retraite au printemps 2004 par le PDG actuel de Radio France, Jean-Paul Cluzel, qui a mis fin à ses fonctions de directeur de France Musiques. Il se considère comme "évincé par un inspecteur des finances de passage venant d'inventer un nouveau concept : le limogeage pour cause de réussite". "Je ne sais rien faire d'autre qu'exercer mon métier", s'indigne Pierre Bouteiller, qui a fait ses débuts de radio en 1958 et refuse la "retraite couperet", en énumérant la longue liste de ceux qui, prêtres, chanteurs, acteurs ou parlementaires, poursuivent leur activité bien au-delà de l'âge fatidique. Le journaliste s'enorgueillit surtout de l'émission mythique "Le masque et la plume", créée, rappelle-t-il, en 1955 par Jean Tardieu et qu'il anime de 1982 à 1989, ajoutant le cinéma au champ de la critique littéraire et théâtrale. Au passage, cet ancien d'Europe 1, où il a débuté, rend hommage au service public, "vrai service rendu à un auditoire", qui refuse de "tomber dans le racolage vulgaire et la facilité équivoque". Mais, ajoute-t-il, le problème du public, ce sont "ses dirigeants, nommés par le politique". ("Radioactif - Souvenirs", par Pierre Bouteiller, chez Robert Laffont, 172 pages, 18 euros)