Le Sénat a adopté en deuxième lecture le projet de loi sur l'économie numérique, après avoir annulé une disposition introduite par les députés, qui obligeait les hébergeurs à surveiller le contenu des sites qu'ils abritent. Les sénateurs ont en revanche voté dans les mêmes termes que l'Assemblée nationale un article permettant aux collectivités locales de jouer le rôle d'opérateur télécoms, afin de leur permettre de contribuer à réduire la fracture numérique. La possibilité pour les collectivités de fournir directement aux consommateurs un service de télécommunications, en cas de carence des opérateurs privés, avait été introduite en deuxième lecture dans le projet de loi par les députés. Plusieurs orateurs ont fait valoir que modifier, ne serait-ce qu'à la marge, cet article nouveau, notoirement combattu par France Télécom, faisait courir un risque qu'il ne soit remis en question en commission mixte paritaire (CMP). A une écrasante majorité, les sénateurs ont rejeté un amendement communiste préconisant la suppression de cet article et trois amendements rédactionnels de la commission des Affaires économiques. S'agissant de la surveillance des sites illicites, l'Assemblée nationale avait adopté un amendement qui, pour lutter contre les contenus pédophiles, négationnistes et racistes, faisait peser cette responsabilité sur les hébergeurs. La commission des affaires économiques du Sénat a jugé que cette disposition était contraire à la directive européenne sur le commerce électronique et imposait une charge disproportionnée aux intermédiaires. Avec l'approbation du gouvernement, les sénateurs sont revenus sur cette formulation en adoptant un amendement limitant le criblage des sites par leurs hébergeurs aux seuls cas où ils sont saisis d'une telle requête par les autorités judiciaires. Cet amendement a été adopté à l'unanimité, le ministre délégué à l'Industrie Patrick Devedjian, qui a défendu le projet de loi devant le Sénat, s'engageant pour sa part à élaborer avec les professionnels une "charte de bonne conduite". Intitulé "confiance dans l'économie numérique", le projet de loi, qualifié par le rapporteur Bruno Sido (UMP, Haute-Marne) de "fondateur du droit de l'internet", revient à créer un droit spécifique de la "communication au public par voie électronique", distinct de celui qui s'applique à l'audio-visuel. Les débats se sont déroulés dans une atmosphère consensuelle, la gauche ralliant à plusieurs reprises la majorité, celle-ci pour sa part faisant droit à deux amendements socialistes. Les communistes ont toutefois voté contre le texte et les socialistes se sont abstenus. Une cinquantaine d'amendements et de sous amendements, sur les 105 initialement déposés, ayant été adoptés, il appartiendra à la commission mixte paritaire (CMP), composée de 14 députés et sénateurs, d'harmoniser les textes votés par l'Assemblée nationale et par le Sénat.
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