Si on m'impose obligatoirement de la publicité sur une offre payante alors j'arrêterais mon abonnement.
On nous avait promis la lune avec l'essor des offres VOD par abonnement (VOD), notamment pendant la pandémie ; mais on en voit maintenant la face cachée...
L'époque des vaches grasses semble, en effet, bel et bien terminée pour les géants du streaming payant, comme Netflix, Disney+ ou Amazon Prime, qui ont réussi à engranger des millions de clients pendant le confinement, ouvrant la voie à un nouveau modèle économique qui semblait infaillible. Les investissements massifs des opérateurs garantissaient du contenu et les prix de commercialisation, alléchants, une adhésion populaire.
Seulement voilà, la multiplication (excessive ?) des offres et, à l'inverse, la réduction du pouvoir d'achat sont venues tout remettre en cause. L'heure est désormais aux économies des deux côtés. Chez les plateformes de streaming, la rentabilité est désormais plus importante que le nombre d'abonnés, quitte à sabrer des contenus pourtant populaires et à proposer des offres au rabais truffées de publicité. Et oui, chassez la pub et elle revient au galop en prenant sa revanche : largement victime de l'avènement des plateformes de streaming il y a quelques années, elle risque fort de devenir sa salvatrice en permettant de monétisant le contenu disponibilisé.
Car, si les plateformes financées par les abonnements (SVOD) représenteront encore 62,5% du marché mondial du streaming en 2027 (source PwC), le modèle économique des opérateurs ressemble de plus en plus à celui de leur « grands frères » de la télévision linéaire.
Derrière la décision de Netflix de proposer des offres moins onéreuses avec publicité il faut y voir la reconnaissance que la « réclame » est (re)devenue indispensable, comme au bon vieux temps. Et la récente disparition du « Pack Basic » sans pub au Canada ne laisse présager rien de bon...
Car, dans le même temps, la télévision en streaming gratuite financée par la publicité (connue sous le sigle FAST) ou la vidéo à la demande gratuite financée par la publicité (AVOD) se sont imposées comme grandes alternatives.
Au début de cette année, le cabinet Omdia a indiqué que les revenus des FAST ont été multipliés par près de 20 entre 2019 et 2022 et qu'ils devraient tripler entre 2022 et 2027 pour atteindre 12 milliards de dollars. Et toujours d'après ces mêmes sources, la France fait partie des dix principaux marchés non-américains prêts à croître.
Les annonces régulières de lancements de nouvelles offres FAST, notamment aux États-Unis, vont dans ce sens. Quant à l'Europe, l'étude AVoD/FAST Market Report de NPA Conseil a décompté plus de 2200 chaînes fin 2022 dans les cinq principaux marchés - Allemagne, France, Royaume-Uni, Espagne et Italie.
La France, justement, n'est pas en reste : l'étude de NPA Conseil publiée en avril dernier montre que l'offre de chaînes FAST a encore augmenté de plus de 10% dans l'hexagone au premier trimestre de cette année - 540 chaînes relevées au sein des huit plateformes leaders à fin mars 2023, contre 488 à la fin 2022. Dans la même période, la proportion d'utilisateurs mensuels a progressé de plus de deux points, pour franchir la barre des 10 %. Elle atteint 17% chez les 25/34 ans.
Tous ces chiffres laissent entrevoir une fragmentation encore plus prononcée du segment du streaming au cours des prochaines années. À n'en pas douter, le choix du téléspectateur sera, lui, de plus en plus économique.
Que de sigles... Un résumé pour y voir plus clair !
- SVOD : le streaming « classique », disponible via abonnement. Exemples : Netflix, Disney+, Amazon Prime.
- AVOD : le streaming gratuit financé par la publicité. Exemples : Roku Channel, Rakuten TV.
- BVOD : contenus produits par les opérateurs et disponibilisés gratuitement à la demande et en ligne. Exemples : myTF1, 6Play, Peacock.
- FAST TV : Contenus financés par la publicité diffusés sur un flux linéaire « en direct », c'est à dire sans possibilité de choisir le moment de visualisation. Exemples : Pluto TV, Samsung TV Plus, IMDB TV.
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