Le patron du géant allemand des médias et de l'édition musicale Bertelsmann, Thomas Middelhoff, a quitté hier dimanche à la surprise générale la direction du groupe en raison de désaccords sur la stratégie future de l'entreprise et notamment sur son éventuelle introduction en bourse. "Thomas Middelhoff, 49 ans, président du directoire, quitte l'entreprise": dans un communiqué bref et laconique, le numéro cinq mondial des médias a annoncé le départ de son patron dimanche après-midi sans qu'aucune rumeur, si ce n'est quelques heures avant l'annonce officielle, n'ait circulé sur ce départ. Il a été remplacé par Gunter Thielen, 59 ans, déjà membre du directoire du groupe. Il sera assisté à la vice-présidence par Siegfried Luther, 57 ans, qui occupait depuis 1990 le poste de directeur financier, a précisé Bertelsmann. Des divergences concernant l'avenir du groupe entre ce patron charismatique et les détenteurs de parts de la société sont à l'origine du retrait de M. Middelhoff. Mais fidèle à sa réputation, le groupe n'entend faire nul tapage autour de ce remaniement: "Il a été convenu entre les actionnaires et le conseil de surveillance de ne pas fournir davantage d'explications", se contente d'affirmer Bertelsmann dans son communiqué. Toutefois, indique-t-on de sources proches du groupe, le conflit porte en fait essentiellement sur l'opportunité d'introduire en bourse Bertelsmann, l'un des seuls groupes de cette envergure à ne pas avoir effectué de grand plongeon boursier. Ambitieux, Thomas Middelhoff s'était fixé pour but de réaliser la mise en bourse d'ici à 2004, malgré l'opposition acharnée du fondateur et patriarche de Bertelsmann, Reinhard Mohn, 81 ans. Son épouse, Liz, est membre du conseil de surveillance du groupe et du Présidium de la Fondation Bertelsmann et l'une des deux co-mandataires de la BertelsmannVerwaltungsgesellschaft, qui détient 75% des droits de vote aux assemblées générales du groupe. En vue de l'introduction en bourse, dont le communiqué annonçant le départ de M. Middelhoff ne fait pas état, celui que la presse surnommait "le plus Américain des patrons allemands" avait entamé un "grand toilettage" des comptes de la société. Entré en 1986 chez Bertelsmann, Thomas Middelhoff occupait depuis octobre 1998 la présidence. Il passe pour le principal artisan de la modernisation de cette "vieille dame" allemande des médias qui fit ses débuts dans l'édition religieuse au XIXème siècle, notamment en axant une large partie de sa stratégie sur le tournant de l'internet. Il fut ainsi à l'origine de l'achat et de la revente en mars 2000 d'une participation dans l'américain AOL et de l'acquisition du célèbre site Napster. Mais il avait en partie essuyé un échec dans ce secteur, l'obligeant en début d'année à réduire forment la voilure. Du coup, il avait décidé de concentrer ses investissements dans l'édition musicale et avait pour se faire récemment racheté le label Zomba, qui produit notamment Britney Spears, N'Sync et Back Street Boys. C'est également sous "l'ère" Middelhoff que Bertelsmann a fortement accru ses activités dans la télévision, en prenant le contrôle de RTL GRoup. Son successeur, Gunter Thielen, est membre depuis 1985 du directoire de la firme et responsable d'une de ses filiales, Arvato, spécialisée dans l'imprimerie et les services aux médias. Il prend la tête d'un groupe présent dans 60 pays, qui réalise un chiffre d'affaires annuel de quelque 20 milliards d'euros (19,7 milliards de dollars) et qui emploie plus de 82.000 personnes. Selon le quotidien allemand Berliner Kurier, Thomas Middelhoff quitte Bertelsmann pour prendre la direction du groupe allemand de télécommunications Deutsche Telekom, dont le patron, Ron Sommer, avait été contraint à la démission le 16 juillet dernier, sous la pression de son actionnaire principal, l'Etat allemand. Mais Deutsche Telekom a refusé de commenter ces informations.
Rédaction
29 juillet 2002
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