Les professionnels de l'installation numérique semblent aussi désemparés que les usagers eux-mêmes mécontents.
Notre confrère Ouest-France se fait écho, très régulièrement... trop régulièrement, du désagrément pour ne pas dire du désarroi de certains téléspectateurs de Basse-Normandie, qui depuis le 9 avril, date du switch-off, éprouvent les pires difficultés pour recevoir "la télévision".
Les soucis techniques liés au passage à la télé numérique s'accumulent. Dans la région de Deauville, antennistes et syndics doivent faire face aux plaintes d'utilisateurs mécontents.
L'histoire.
C'est la grogne chez les antennistes. En première ligne depuis le passage de la Basse-Normandie à la Télévision numérique terrestre (TNT), le 9 mars, les professionnels agréés décrivent tout le mal qu'ils ont à faire face aux nombreuses plaintes des particuliers mécontents.
« Au magasin c'est le défilé permanent », souffle ce gérant de Deauville, qui reçoit un nombre incalculable de clients victimes de soucis techniques liés à la réception des 18 chaînes de la TNT. Que se passe-t-il ? « Dimanche dernier à Touques, vous réceptionniez les chaînes anglaises et pas de chaînes françaises. On a appelé un numéro et on nous a répondu que le signal des émetteurs anglais couvre celui des émetteurs français », situés, pour ce qui concerne notre secteur, à Caen, Reux et Le Havre. « On se sent impuissant » ajoute ce technicien du secteur. Drôle de situation où les professionnels semblent aussi désemparés que les clients. Ils sont souvent les premiers admonestés. « Quand un client ne voit pas ses matches de foot, parce qu'il ne reçoit pas TF1, ça rue dans les brancards », soupire ce même spécialiste. Allez lui expliquer que la réception est parfois plus mauvaise quand il fait ciel bleu, qu'en plus il devra s'acquitter des frais d'intervention de 100 EUR en moyenne, voire changer son décodeur pour une parabole...
La TNT, résume cet autre détaillant, « c'est une vraie catastrophe ». Même s'ils n'ont jamais eu autant de clients que depuis le 9 mars, certains antennistes regrettent le manque de communication avec France télé numérique, le groupement d'intérêt public qui a la charge d'accompagner les 600 000 foyers bas-normands à passer du hertzien au numérique (09 70 818 818). Une caravane d'information sera stationnée aujourd'hui à Lisueyx de 9 h 30 à 17 h, place Boudin-Desvergées.
« Souci de synchronisation »
« Vous avez des gens âgés pour qui la télévision représente tout", se désole cette employée d'un syndic de Deauville, dont la quasi-totalité du parc immobilier a « basculé » vers la TNT. "Ils ne comprennent pas pourquoi le passage au numérique est obligatoire. Ils nous accusent d'en être à l'origine et d'être des voleurs ! C'est beaucoup de temps consacré à les informer, à tenter de les rassurer ».
Le vrai problème, explique cet antenniste de Cabourg, « c'est que chaque situation est différente. Il y a un souci technique de synchronisation des fréquences entre les différents émetteurs. » L'intervention chez un particulier peut durer plusieurs heures. « Au centre-ville de Trouville, il faut prendre de grandes échelles, c'est chaud », sourit Anthony, funambule. « On parle d'un retour à la normale pour la fin avril. »
Yann-Olivier BRICOMBERT
source :
www.ouest-france.fr