Comment sauver la TNT payante ?
Rédaction
Objectifs atteints, incontestable succès auprès des téléspectateurs, basculement vers le « tout numérique » globalement bien orchestré, la TNT a le vent en poupe ! Seule ombre à ce tableau : la TNT payante.
Dans un papier intitulé « Pour sortir la TNT payante de l'impasse », paru sur le site de notre confrère www.lesechos.fr, Francis Balle* présente son analyse sur la situation de la TNT payante qui ne s'est pas développée comme on pouvait l'espérer. Alors que le succès de la TNT gratuite est incontestable, la TNT payante est enlisée, entraînant quelques dommages collatéraux. « L'élan supplémentaire qu'elle devait provoquer pour la production audiovisuelle et cinématographique française n'a pas eu lieu », constate Francis Balle. Autre constat : « Les offres pourtant peu onéreuses de TV Numéric et de TNTop n'ont enregistré qu'un nombre restreint d'abonnés (respectivement 40.000 et 15.000). En 2008 et 2009, AB1 et Canal J ont même restitué au CSA leur autorisation d'émettre sur la TNT faute d'avoir trouvé le chemin de la rentabilité.
Finalement, seul Canal+ est parvenu à émerger avec un contenu de qualité et un réel succès commercial. Tel était cependant déjà le cas auparavant et l'on perçoit mal, en conséquence, les apports réels de la TNT pour les chaînes payantes. » Afin d'expliquer « cette exception française » Francis Balle remonte à la genèse des bouquets satellites en France, et plus précisément à la bataille fratricide à laquelle se sont livrés, en 1996, les bouquets de la télévision numérique (CanalSatellite et TPS) qui se termina dix ans plus tard par le rachat de TPS par Canal+, donnant ainsi naissance à un seul et unique bouquet. Suivant un scénario souvent rencontré « certains économistes crièrent alors à l'absurdité économique. D'autres avancèrent au contraire qu'il n'existait aucune alternative à ce monopole de fait. ». Toujours est-il que « la conséquence redoutée ne tarda pas en tous les cas à apparaître : Canal+ n'a bien évidemment pas montré le moindre empressement pour favoriser les anciennes chaînes du bouquet TPS, dont TPS Star, ni par les films proposés ni par les sports qui y sont présentés. Pouvait-on raisonnablement attendre du groupe Canal+ qu'il se fasse concurrence à lui-même ? Faute d'un marché dynamique de la télévision numérique payante, par satellite ou par voie hertzienne, aucun des objectifs fixés par le CSA à l'époque de la fusion TPS-CanalSat ne pouvait être atteint : pas plus en termes de pluralisme et de diversité de programmes que pour doper la TNT elle-même »
En conclusion de son analyse Francis Balle affirme que si l'on veut sauver la TNT payante en France, il est temps de « restaurer un véritable pluralisme dans ce marché. Dans l'intérêt de la production de programmes, dans celui de la TNT, dans celui des consommateurs, et même dans l'intérêt bien compris de Canal+, des candidats à la télévision payante, déterminés et porteurs de projets crédibles, doivent impérativement répondre à l'appel du CSA pour occuper les deux canaux de diffusion disponibles. Dans le cas contraire, la TNT payante vivrait une terrible chronique d'une mort annoncée. »
*Francis Balle est professeur à l'Université Paris II Panthéon-Assas. Il a récemment publié dans la collection « Que sais-je ? », PUF, 2010, un ouvrage intitulé : « Les Médias »