Tempête après un reportage controversé sur le juge de l'affaire Mondadori

Une avalanche de critiques s'est abattue dimanche sur un reportage de Canale 5, chaîne de télévision contrôlée par Silvio Berlusoni, qui prend pour cible le juge milanais Raimondo Mesiano, auteur de la sentence condamnant le groupe du chef du gouvernement dans l'affaire Mondadori. "Il s'agit d'une connerie retentissante (...) On a atteint les limites de la décence", a commenté le ministre de la Simplification des lois Roberto Calderoli (Ligue du Nord, parti anti-immigrés allié de Berlusconi) sur la chaîne d'information en continu Sky TG24. Dans le reportage en question, diffusé jeudi et filmé à l'insu du juge à l'aide d'une caméra cachée, on voit ce dernier se rendre chez son coiffeur, fumer cigarette sur cigarette ou encore assis sur un banc. L'auteur du reportage, une journaliste débutante de 29 ans en contrat à durée déterminée, commente ces images volées en parlant de comportement "extravagant" du juge, auquel "nous sommes désormais habitués", mettant notamment l'accent sur ses chaussettes couleur turquoise. "Ce reportage, accompagné de ce commentaire, n'a rien à voir avec du journalisme", estime Enrico Mentana, directeur de l'information de Canale 5 pendant 18 ans, dans un entretien à La Repubblica. A gauche, Ignazio Marino, candidat au secrétariat du Parti démocrate, a qualifié de "procédé honteux" le fait d'"utiliser l'information comme instrument pour gêner, suivre ou espionner un magistrat". Le 5 octobre, le juge Mesiano avait estimé que Silvio Berlusconi était "coresponsable dans l'affaire de corruption" qui a entaché dans les années 1990 sa reprise de l'éditeur Mondadori. La holding de M. Berlusconi, Fininvest, a été condamnée à verser 750 millions d'euros de dédommagement au groupe CIR de Carlo De Benedetti, grand rival du chef du gouvernement.