Le nombre d'escroqueries a plus que doublé au cours des dix dernières années pour atteindre une hausse supérieure à 20% entre 2007 et 2008, parallèlement à l'utilisation croissante d'internet, selon l'Observatoire national de la délinquance (OND). La hausse de 20,92% enregistrée pendant l'année écoulée est "celle dont l'intensité a été la plus forte" depuis 1999, souligne l'OND dans un rapport rendu public jeudi. Les escroqueries et abus de confiance recensés par la police et la gendarmerie sont passés de 177.309 en 2007 à 214.402 en 2008. "On peut considérer que la coïncidence entre la forte diffusion de l'équipement des ménages en abonnement à internet depuis dix ans et celle des faits constatés d'escroqueries et abus de confiance n'est pas indépendante", estime l'OND, qui ne dispose pas encore de statistiques spécifiques sur les escroqueries via internet. En effet, insiste l'Observatoire, "le développement du commerce en ligne a rendu possible un nouveau type d'escroqueries dont on peut légitimement penser qu'il a fortement contribué à l'augmentation des faits constatés". L'OND cite à cet égard non seulement les "utilisations frauduleuses du numéro de carte bancaire", mais aussi la messagerie électronique qui est "un puissant vecteur de diffusion de messages à l'origine d'escroqueries". Par exemple, des messages de "demande d'aide" de quelques milliers d'euros pour régler des frais de succession font miroiter la "promesse" de toucher une partie conséquente d'un énorme héritage prétendu. Un même courriel adressé à plusieurs milliers d'internautes peut faire de nombreuses victimes. Alors qu'en 1999, le nombre d'escroqueries et d'abus de confiance était de "1,6 par tranche de mille habitants, il a atteint 3,5 pour mille" en 2008, soit une hausse de 118,75%, selon l'OND. Depuis 1999, cette croissance s'est faite en deux vagues: 61,5% de 1999 à 2001 et 53,9% de 2004 à 2008. Lors de la première vague, six des 22 régions métropolitaines affichaient une hausse supérieure à 60%, dont l'Ile-de-France, en tête avec 109,7%, relève l'OND. Trois autres régions ne dépassaient pas une hausse de 15%: Aquitaine (8,5%), Bretagne (13,9%) et Champagne-Ardennes (6,8%). Or, relève l'Observatoire, ces trois régions figurent parmi celles ou le "nombre de faits constatés a connu ses plus fortes hausses" lors de la deuxième vague, avec, respectivement, "+86,6%, 90,3% et +70,6%". Parallèlement, l'Ile-de-France ne connaissait entre 2004 et 2008 qu'une hausse de 27,2%. Deux éléments peuvent permettre d'expliquer ce phénomène, conclut l'OND: la généralisation du haut débit de l'urbain au rural et le fait que "lorsqu'un type d'escroquerie, très connu du public d'une région, n'y prend plus, il prospère dans une autre".
-
4
-
1
-
8
-
2
-
4
-
1
-
1