Le Vietnam a resserré son contrôle des blogs, dans une nouvelle circulaire qui interdit de "s'opposer à l'Etat" ou "nuire à l'ordre social" et demande aux fournisseurs de service internet de constituer des bases de données et bloquer tout contenu jugé illégal. Le pays communiste avait annoncé au début du mois sa volonté de mieux réguler une blogosphère en pleine explosion. La circulaire souligne que les blogs doivent servir à diffuser des informations personnelles. Elle complète, en y appliquant clairement aux blogs, une régulation d'août qui interdisait déjà, sur internet, de "s'opposer à l'Etat (...) de nuire à la sécurité nationale, à l'ordre et à la sécurité sociale, de saboter l'unité nationale", divulguer des secrets nationaux, militaires ou économiques. Début décembre, le vice-ministre de l'Information, Do Quy Doan, avait préparé le terrain dans les médias officiels en expliquant qu'Hanoï ne voulait pas "intervenir dans la vie privée des blogueurs", mais "donner un cadre pour (les) aider à comprendre l'étendue des activités qui leur sont permises". Le quotidien anglophone Thanh Nien daily avait indiqué que le gouvernement entendait contacter les géants de l'internet "Google et Yahoo! en vue d'une coopération pour créer l'environnement pour les blogueurs le plus sain et le meilleur possible". La nouvelle régulation demande aux "entreprises spécialisées dans la fourniture de services en ligne" de "constituer une base de donnée" sur les blogs qu'elles gèrent, de fournir, à la demande, les informations aux agences d'Etat "autorisées" et "d'éliminer" tout contenu qui violerait la loi. Internet permet à la population vietnamienne de s'exprimer avec une marge de manoeuvre qu'elle n'a pas dans les médias traditionnels, contrôlés plus facilement et très étroitement par le régime communiste. Ces derniers mois, les critiques ont notamment fusé sur la Toile sur la gestion, par Hanoï, du conflit territorial qui l'oppose à Pékin en mer de Chine du Sud. Les deux capitales y revendiquent la souveraineté des archipels des Spratleys et Paracels. Le dossier, ultra-sensible et qui empoisonne les relations des deux alliés communistes, avait fait l'objet de manifestations inhabituelles mais vite étouffées par Hanoï il y a un an. Il n'est que très rarement et toujours brièvement et prudemment abordé dans les journaux vietnamiens. L'organisation de défense des médias Reporters sans frontières (RSF) classe le Vietnam parmi les pays "ennemis" de l'internet, estimant qu'il "suit de très près sa grande soeur chinoise dans le renforcement de la censure" sur le web. La justice vietnamienne a déjà mis derrière les barreaux plusieurs cyberdissidents. Début décembre, elle a confirmé en appel la condamnation d'un célèbre blogueur à deux ans et demi de prison. Nguyen Hoang Hai, plus connu sous le pseudonyme de Dieu Cay, a été reconnu coupable de fraude fiscale, mais RSF estime qu'il paie en réalité des prises de position trop ouvertement critiques sur la politique de Pékin en mer de Chine du Sud.
-
4
-
1
-
8
-
2
-
4
-
1
-
1