Les services secrets espagnols s'inquiètent de la perte de pouvoir espagnol dans le secteur des télécommunications si le groupe Eutelsat, contrôlé en partie par l'Etat français prend le contrôle de l'opérateur espagnol de satellites Hispasat, selon le journal El Pais de lundi. Le journal, proche du gouvernement socialiste, a eu accès à une note du CNI du 4 juin avertissant sur le risque représenté par la France. Selon la note, "la position de force d'Eutelsat (compagnie où la présence de l'Etat français est forte), entraînerait une capacité d'influence de Paris dans la gestion des communications gouvernementales espagnoles". L'opérateur espagnol Hispasat est au coeur d'une empoignade en Espagne quant à son futur. Pour faire face à la volonté de certains investisseurs institutionnels de sortir du capital avec la cession de plus de 40% d'Hispasat, deux possibilités sont à l'étude. D'une part, une vente au gestionnaire d'infrastructures catalan Abertis, contrôlé par deux puissants groupes espagnols, ACS (BTP) et la caisse d'épargne catalane La Caixa. C'est la version défendue jusqu'ici par le ministère de l'Industrie. Le CNI note qu'Abertis est aussi premier actionnaire d'Eutelsat avec 32% du capital et que l'Etat français est largement présent dans cet opérateur, par le truchement de la Caisse des dépôts (26,15%). De plus, le CNI n'écarte pas la possibilité qu'Abertis privilégie pour des raisons mercantiles sa participation dans Eutelsat au détriment d'Hispasat. L'autre option, défendue par le ministère de la Défense et Hispasat, selon le journal, est la mise en Bourse, ce qui est également risqué, selon le CNI. Le journal affirme que ces inquiétudes du CNI proviennent du fait qu'Hispasat est premier actionnaire de Hisdesat, qui gère les satellites de communications du gouvernement espagnol, y compris les militaires et celles des services secrets. Des sources gouvernementales, citées par El Pais, affirment que la proposition d'Abertis de séparer Hisdesat d'Hispasat est d'appplication malaisée en raison des liens très forts entre les deux sociétés. Hispasat est par ailleurs un des partenaires du projet européen Galileo de navigation par satellite, supposé contrecarrer la toute puissance du système américain GPS.
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