Les fournisseurs d'accès à l'internet et le gouvernement ont profité de la Fête de l'internet pour accentuer leurs pressions directes ou indirectes sur France Télécom afin que des connexions forfaitaires illimitées au web puissent être proposées d'ici à l'été. Pour sa part, le président Jacques Chirac a ouvert le ban dès jeudi matin sur le site web de l'Elysée, appelant à "poursuivre et amplifier" la baisse des tarifs des télécommunications. Quelques heures plus tard, le Premier ministre Lionel Jospin lui emboîtait le pas. Inaugurant pour la première fois la Fête de l'internet à Matignon, il a souhaité qu'un accès "entièrement forfaitaire en tout point du territoire" soit proposé "avant la fin de l'été" aux internautes. En première ligne, le secrétaire d'Etat à l'Industrie Christian Pierret, tout en affirmant que "les tarifs d'accès à l'internet sont en France parmi les moins chers en Europe", a estimé que les accès forfaitaires illimités devraient "se généraliser dès cette été". "Le gouvernement en a fait la demande à France Télécom", a-t-il précisé. Quant au ministre de l'Economie et des Finances Laurent Fabius, il a souhaité que le tarif des connexions à l'internet se rapproche "du coût réel". Ces déclarations politiques "vont dans le bon sens, on est content de ce que l'on a entendu à Matignon", a réagi le patron d'AOL France, Stéphane Treppoz, interrogé par l'AFP. Avec une trentaine d'autres professionnels du web, parmi lesquels Jean-Marie Messier, pdg de Vivendi Universal, Stéphane Treppoz avait appelé Jacques Chirac et le gouvernement à favoriser "dans les plus brefs délais" la mise en place de ces forfaits illimités. L'appel avait été publié mercredi sur de pleines pages dans la presse quotidienne. Satisfait, Stéphane Treppoz entend toutefois rester vigilant sur deux points: le coût des prestations techniques qui seront facturées par France Télécom aux fournisseurs d'accès à internet (FAI) concurrents et la date à laquelle ils pourront commercialiser leurs offres. Les FAI signataires de l'appel voudraient pouvoir le faire dès le mois d'août afin d'être prêts pour la rentrée, période commerciale cruciale, a-t-il souligné. Stéphane Treppoz conteste le prix proposé par France Télécom aux opérateurs alternatifs, soit près de 160.000 francs par an pour un circuit de 2 mégabits/seconde. En Grande-Bretagne, fait-il valoir, le même service est proposé pour 106.000 francs. "Je ne vois pas pourquoi on serait 60% plus cher, on veut le tarif anglais, ni plus ni moins", martèle-t-il, rappellant que les FAI alternatifs comptaient proposer des offres autour de 100 francs. Du côté de France Télécom, on rappelle que l'opérateur public a déposé le 8 février son offre d'Interconnexion forfaitaire illimitée (IFI) sur le bureau de l'Autorité de régulation des télécommunications (ART). Une porte-parole souligne que de tels forfaits supposent "un certain nombre d'investissements et de redimensionner le réseau". "Ca ne se fait pas du jour au lendemain", souligne-t-elle, affirmant toutefois que l'opérateur historique sera prêt pour "la fin de l'été". Dans une allusion à AOL, victime du succès de son offre illimitée et qui avait dû la retirer, la porte-parole relève que "si on met en place des forfaits illimités, il faut être capable de tenir les promesses et de satisfaire le consommateur". Quant au tarif des prestations facturées aux opérateurs alternatifs, il est justifié, selon France Télécom, par le degré de maturité différent de l'internet en France et en Grande-Bretagne. Selon la société de mesure d'audience NetValue, la France comptait fin 2000 19,6% de foyers connectés au web, loin derrière la Grande-Bretagne (35,9%) ou même de l'Allemagne (29,2%).
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