Les chaînes satellitaires libanaises règnent dans le monde arabe sur le genre à succès des émissions musicales: alors que LBCI poursuit la version arabe de "Star Academy", devenu un phénomène de société, sa concurrente Future TV lance l'édition 2004 du concours de chant "Superstar". "L'an passé, nous avons atteint le pic des 4,8 millions de téléspectateurs. Cette fois, nous visons le chiffre de 6 millions", a indiqué à l'AFP Bilal Labban, le coordinateur de "Superstar", dont la diffusion a démarré dimanche. "Nous sommes des fans de Star Academy et maintenant nous allons pouvoir suivre également Superstar 2", affirme Karim Hamdane, un étudiant libanais de 24 ans. Pas moins de 83 vedettes en herbe, venues de 15 pays arabes, ont été sélectionnées parmi 40.000 candidats. Trente-deux filles et 51 garçons, parmi lesquels des Libanais, Syriens, Egyptiens, Palestiniens, Irakiens, Jordaniens, Koweïtiens, Emiratis, Bahreïnis, Omanais, Saoudiens, Marocains, Tunisiens, Algériens et même Libyens. L'émission s'effectuera en trois étapes. Le mois de mars sera consacré à la diffusion des auditions de sélections qui ont eu lieu dans six pays arabes et en France. "Nous avons inclus la France pour donner aux jeunes de la communauté arabe établie dans ce pays l'occasion de concourir. Nous tenons également par souci de transparence à montrer au public les critères de sélection", a ajouté M. Labban. Début avril, les sélectionnés seront au Liban pour des concours à l'issue desquels 14 d'entre eux seront retenus. C'est en été que le gagnant ou la gagnante sera choisi. Dans "Superstar", les téléspectateurs sont les seuls à voter par courrier électronique ou par SMS. Dans "Star Academy", un jury composé de professionnels du spectacle et les concurrents ont également leur mot à dire. Lors de l'édition 2003 de "Superstar", la finale avait déchaîné les passions dans plus d'un pays arabe. Des dizaines de milliers de Jordaniens étaient descendus dans les rues pour célébrer la victoire de leur concitoyenne, Diana Karazon. Des tirs de joie avaient même retenti et la lauréate avait été félicitée par la famille royale. L'élimination en demi-finale du candidat libanais Melhem Zein avait suscité la colère de ses admirateurs libanais qui avaient pris d'assaut les studios de Future TV, propriété du Premier ministre libanais Rafic Hariri, pour dénoncer les résultats d'un vote selon eux "truqué". "Pour passer outre au moindre soupçon, nous avions multiplié les capacités de nos standards et nous avons engagé une firme internationale de contrôle", assure M. Labban. Les fans de ces émissions ne sont pas du tout gênés par la concomitance des deux programmes: "Star Academy se termine en avril au moment où les candidats de Superstar arriveront au Liban. En attendant, en mars, nous zapperons", affirme ravi, Baha'a Arab, étudiant en architecture. La conception des deux émissions n'est pas identique. Pour "Superstar", les candidats sont logés dans des hôtels, et les cours et stages de perfectionnement leurs sont donnés dans les locaux de la chaîne. "Star Academy" est plus proche de la télé-réalité. Les "académiciens" sont logés ensemble dans les bâtiments de la chaîne, disposant tout de même de dortoirs pour les filles et d'autres pour les garçons, la mixité n'étant pas de mise en dans les pays arabes. Mais leurs faits et gestes sont retransmis en continu sur un canal satellitaire spécial. Mais malgré la retenue imposée par les deux chaînes, les deux émissions ont été l'objet des foudres des puritains et même de sermons dans les mosquées. "Ce genre d'émission est contraire à nos habitudes et aux principes de l'islam. On y voit des jeunes s'embrasser et manifester leurs émotions. C'est de l'indécence", a récemment tonné cheikh Mohammad Hamdi, un intégriste de Tripoli (nord du Liban), alors qu'au Koweït, un cheikh musulman a qualifié d'"impie" ce genre d'émission.
Rédaction
3 mars 2004 à 01h00
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