Faut-il combattre l'islamisme ou l'accepter comme partenaire dans le jeu démocratique ordinaire? "Un oeil sur la planète", le magazine géopolitique de France 2, tente pour son quatrième numéro de répondre en 100 minutes à ce problème complexe. Les journalistes de la chaîne ont braqué leurs projecteurs sur cinq pays où la question se pose de façon aiguë et qui tentent chacun à leur manière d'échapper au dilemme, le Pakistan, l'Arabie saoudite, la Grande-Bretagne, l'Egypte et la Turquie. "Nous avons voulu analyser les effets pervers de la guerre contre le terrorisme" islamiste, explique Patrick Boitet, rédacteur en chef du magazine. Il est "inutile" de nier le choc de civilisations qui oppose l'Islam et l'Occident, assure d'emblée l'ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, dans un colloque sur ce thème organisé à l'Institut d'études politiques de Paris. L'échec de la lutte contre le terrorisme islamiste est particulièrement patent au Pakistan, allié réticent des Etats-Unis dans la guerre contre les talibans, et où les islamistes administrent désormais deux régions sur cinq, notamment la ville de Peshawar. Il commence à faire sentir son influence en Arabie saoudite, d'où est originaire Oussama Ben Laden, un pays pourtant placé sous l'autorité toute puissante d'une monarchie wahhabite fondamentaliste. Profitant de la libéralité des lois britanniques, les prédicateurs peuvent prêcher la guerre sainte contre les infidèles au coeur même de Londres et annoncer que le drapeau noir de l'islamisme flottera un jour sur Downing Street. En Egypte, l'islamisme n'est contenu que grâce à l'autoritarisme d'un régime qui s'appuie sur le soutien de l'Occident. Enfin le dogme de laïcité est battu en brèche en Turquie, où des étudiantes vont jusqu'à remplacer leur voile par une perruque pour pouvoir franchir les portes de l'Université. Religieux, hommes politiques ou intellectuels, tous conviennent avec le journaliste-présentateur Thierry Thuillier que la guerre que prêche le président américain George W. Bush n'est pas une réponse. "On s'en sortira par l'amour, pas par la haine", souligne le cinéaste égyptien Youssef Chahine, qui se déclare prêt à dialoguer avec les islamistes. Le philosophe français Guy Sorman enfonce le clou. Il y a, pour lui, "deux Islam", l'un moderne et largement majoritaire, que l'Occident doit aider, l'autre, violent mais marginal, qu'il faut combattre. diffusion le 20 octobre à 22h30 sur France 2
Rédaction
20 octobre 2003
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