Un "blanc" d'un quart d'heure en direct sur France 2, hier soir: le ministre de l'Education nationale Luc Ferry, invité du débat télévisé "Liberté, égalité, scolarité" à la Sorbonne à Paris, a failli être remplacé inopinément par un épisode du commissaire Maigret. Luc Ferry avait à peine eu le temps d'expliquer qu'il souhaitait lutter contre la marchandisation de l'école, et d'aborder le chapitre des "finalités" de l'école, que l'émission, qui avait débuté vers 21H00, s'est interrompue brutalement, vers 21H30. Une image fixe en noir et blanc est restée à l'antenne quelques minutes, remplacée par le lancement d'un épisode du Commissaire Maigret. Jusqu'à 21H45. Le présentateur du débat, et directeur de l'information de France 2, Olivier Mazerolle a alors redonné la parole aux invités du débat, comme si rien ne s'était passé, sans donner la moindre explication aux téléspectateurs sur la raison de cette brusque interruption de programme. Seul le secrétaire-général de la FSU, Gérard Aschieri, invité lui aussi au débat, a fait une allusion à la cause de l'incident en estimant qu'il illustrait les problèmes sociaux rencontrés par le gouvernement depuis plusieurs mois. Sans nommer les responsables de la "panne", le directeur-général de France 2 a été un peu plus explicite: l'interruption a été provoquée par "une rupture d'alimentation qui n'a pas été revendiquée", a expliqué M. Baldelli à l'AFP. "Nous ne pouvons que regretter et être choqués qu'un débat souhaité et attendu par les différentes parties soit interrompu par des actions violente", a-t-il ajouté. "Cette action est d'autant plus choquante au regard de l'enjeu démocratique que représente un tel débat", a-t-il ajouté, déplorant que "le direct ait été pris en otage". De fait, selon un photographe de l'AFP, présent sur les lieux, des enseignants avaient pénétré par surprise jusque dans le hall de la Sorbonne et la police les a empêchés avec force d'accéder à l'amphithéâtre d'où était retransmis le débat. Par ailleurs, une femme se présentant comme une intermittente du spectacle et qui a requis l'anonymat a déclaré à l'AFP que l'interruption du débat à la Sorbonne était dûe à l'action conjointe d'intermittents du spectacle et d'enseignants en colère. De source policière, on a précisé que trois interpellations avaient eu lieu, avant la "panne", pour "manifestation illicite", en précisant néanmoins qu'elles n'étaient pas liées à l'incident. Sur le fond, le débat, qui préfigure un peu le "grand débat sur l'école" que veut lancer le gouvernement pour répondre aux inquiétudes des enseignants n'a fait l'objet d'aucune annonce particulière. Le ministre, cravate rose et chemise bleue pâle, apparaissait à l'écran un peu tendu, le visage parfois pris de tics nerveux. Il a débattu avec son prédecesseur socialiste Jack Lang, avec lequel il s'était heurté la semaine passée au sujet du remplacement des aide-éducateurs et de la création des assistants d'éducation. Les deux hommes se sont notamment opposés sur cette question mais aussi sur celle de la composition des conseils de displine, et surtout les questions budgétaires. A Jack Lang, qui lui reprochait de pas avoir de grand dessein pour l'éducation, Luc Ferry a avoué son grand projet: "que chaque enfant au collège réussisse quelque chose".
Rédaction
9 septembre 2003 à 01h00
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