La BBC a lancé une rare attaque directe contre le magnat de la presse australo-américain Rupert Murdoch, qualifié par la responsable de la chaine BBC1, Lorraine Heggessey, "d'impérialiste du capital" qui veut déstabiliser le groupe de radio-télévision publique britannique. Rupert Murdoch, propriétaire d'un empire médiatique international dont le bouquet satellitaire britannique BSyB (British Sky Broadcasting), "est contre tout ce défend la BBC", a affirmé Mme Heggessey au quotidien The Independent. "C'est un impérialiste du capital, non ? C'est ce qu'il est. Et tous ceux de sa tendance politique sont contre le secteur public", a-t-elle ajouté. Les Britanniques "ont des systèmes de santé et d'éducation publics", des associations au bénéfice de la société et non guidées par les profits, a-t-elle souligné. Ces propos interviennent après la proposition faite samedi par le directeur général du groupe BSkyB Tony Ball, à l'occasion du Festival international de télévision d'Edimbourg, de mettre chaque année aux enchères sur le marché les émissions les plus regardées de la BBC. La BBC avait immédiatement répondu que cette proposition "faisait partie de la longue campagne hostile de Rupert Murdoch" contre la télévision publique. "Heureusement pour le public britannique, M. Murdoch a échoué", ajoutait la BBC dans un communiqué. Mme Heggessey estime par ailleurs que "les Britanniques savent faire la disctinction" lorsqu'ils lisent les journaux contrôlés par le milliardaire conservateur. Interrogée sur la couverture - par The Times, The Sun et The News of The World - du bras de fer entre la BBC et Downing Street sur l'affaire du dossier "gonflé" sur l'armement irakien, que l'Independent juge "peu équitable", elle a répondu que ces trois journaux "sont incapables de parler avec impartialité de l'attitude de la BBC dans l'affaire Kelly". Les Britanniques "ne croient pas nécessairement tout ce qu'ils lisent en terme de propagande anti-BBC", assure-t-elle, ajoutant que la BBC est un "mastodonte qui peut encaisser" même si "parfois, nous nous demandons si nous devons répondre ou seulement attendre et encaisser".