"SOS Hôpital: 24 heures dans la vie d'un hosto", document de Marcel Trillat et Eric Delagneau diffusé dans "Envoyé spécial" ce soir sur France 2, prend un relief particulier après la canicule de cet été et les problèmes de santé publique qu'elle a provoqués. Tourné en juin, ce reportage sur le quotidien de l'hôpital intercommunal de Créteil (Val-de-Marne) dresse un constat accablant du système de santé public français, "l'un des plus compétents du monde" mais "rongé par le doute et la peur de l'avenir". La gestion à flux tendu, le manque de moyens apparaissent dans toute leur crudité, malgré le dévouement des médecins et des infirmières. Manque de lits, blocs opératoires flambant neufs mais non utilisés faute de personnel, attente pour les rendez-vous et les consultations, "la grosse machine commence à grincer de toutes parts", comme le note Marcel Trillat. Dans un service de cet hôpital, 38 lits sur 84 sont fermés durant l'été, certaines infirmières travaillent trois week-ends sur quatre et le personnel soignant se dit "à bout". Le Pr Gisèle Soubrane, qui dirige le service d'ophtamologie, estime qu'"il y a un manque d'humanité sous prétexte de rentabilité." "Le système médical français est classé premier du monde et on est en train de le bazarder pour des raisons soi-disant économiques", ajoute-t-elle. Le reportage évoque "trente ans d'imprévoyance, le numerus clausus des facs de médecine, la fermeture d'écoles d'infirmières, l'application des 35 heures sans personnel supplémentaire, la répartition des moyens nationaux souvent aberrante". Au bout du compte, un personnel soignant harassé, un ras-le-bol généralisé et cette réflexion désabusée d'une infirmière: "Les patients sont drôlement patients". Une autre renchérit: "J'ai souvent l'impression de conduire le camion du salaire de la peur ou de surveiller le lait en train de bouillir". Quant aux urgentistes, ils alignent des horaires déments pour soigner les "vraies détresses et les fausses urgences". De la maternité (2.500 accouchements par an que la direction souhaite faire passer à 3.000 selon l'auteur) au suivi des personnes âgées en moyen séjour, l'hôpital public apparaît en bien mauvaise santé au moment où la CFTC-Santé demande une "révision globale de la prise en charge des soins" en France. "Envoyé spécial" diffuse également "Un été de feu" sur les incendies de l'été et rediffuse "Violences conjugales".