Vivendi
 

Rédaction
20 mars 2003

La démission surprise du vétéran du cinéma américain Barry Diller de la présidence de Vivendi Universal Entertainment (VUE), filiale regroupant les actifs américains de divertissement de Vivendi Universal (VU), accentue les incertitudes pesant sur le groupe français en convalescence. Barry Diller, Pdg de la division américaine VU Entertainment (cinéma, télévision et parcs de loisirs), avait été promu début décembre coprésident de l'ensemble des activités américaines de divertissement de Vivendi Universal, y compris la musique (Universal Music) et les jeux video (VU Games). Son contrat se terminait en mai 2003. Dans un communiqué laconique publié à New York, M. Diller a indiqué que "maintenant que Vivendi Universal a entamé un processus formel de réexamen de ses options concernant ses actifs dans le divertissement, il est approprié que je me tienne à l'écart de toute responsabilité dans la direction" de VUE. M. Diller reste cependant, à titre personnel et à travers sa société USA Interactive, actionnaire de VUE, dont il détient directement et indirectement 7% du capital. Des analystes ont expliqué la démission de M. Diller par sa volonté de se consacrer entièrement à la réalisation du rapprochement entre USA Interactive et Expedia, Ticketmaster et Hotels.com, une opération de plusieurs milliards de dollars. Cette démission pourrait s'expliquer aussi par la volonté de M. Diller de ne pas se trouver en situation de "conflit d'intérêt" si jamais VU devait mettre en vente une partie ou le tout de VUE, dont il pourrait lui-même se porter acquéreur. Après une brève lune de miel, les rapports se sont tendus entre Barry Diller et le Pdg de VU, Jean-René Fourtou, successeur de Jean-Marie Messier, qui avait été à l'origine du partenariat entre VU et le dirigeant américain. Ce partenariat avait été assorti de garanties substantielles, contraignant notamment VU à rembourser 2 milliards de dollars de dette fiscale sur la vente de USA Networks en cas de cession anticipée de VUE. M. Fourtou estimerait pour sa part cette indemnité à seulement 1 milliard de dollars, selon le New York Times. Dans un premier temps, M. Fourtou, reconnaissant son "ignorance" du domaine, s'était "rallié sans aucune honte" à la stratégie de Barry Diller et l'avait chargé "provisoirement" de co-présider l'ensemble des activités américaines de VU. Mais il avait averti qu'il n'excluait pas "les autres alternatives" à la politique de développement "arrêtée jusqu'à présent" avec M. Diller. Parmi ces "alternatives", il citait l'offre de l'investisseur américain Marvin Davis, vieux rival de Barry Diller, qui veut acquérir VUE pour 20 milliards d'euros (dont 5 mds EUR de reprise de dette). D'autres acquéreurs potentiels de VUE ont approché le président de VU, dont Summer Redstone, patron de Viacom, le géant des médias américain. "Je parle avec tout le monde. Mais certains acquéreurs sont discrets et certains postulants sont bruyants", a récemment déclaré M. Fourtou.

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