La voie est libre pour l'acquisition du groupe allemand en dépôt de bilan KirchMedia par le producteur de films israélo-américain Haim Saban, sans doute associé au français TF1, après que l'éditeur allemand Bauer a décidé hier de jeter l'éponge. L'ex-fleuron de l'empire en déroute de Leo Kirch a annoncé qu'il avait "entamé des négociations finales avec Saban". L'offre du milliardaire, évaluée à quelque 2 milliards d'euros, reprise de dette incluse, a en effet été jugée "plus attractive" que celle présentée par son concurrent, l'éditeur de magazines Bauer Verlag. La signature du contrat ne semble plus qu'une question de jours puisque KirchMedia a assuré vouloir prendre une décision d'ici la fin de la semaine. Le bras droit de Haim Saban, Adam Chesnoff, est d'ailleurs déjà en train de négocier les détails de l'opération à Munich, au siège de KirchMedia, selon des sources proches du groupe. "Nous allons travailler dur pour mener à bien les négociations", a indiqué une porte-parole de M. Saban. Le producteur ne devrait pas partir seul à la conquête de la maison Kirch, mais en tandem avec TF1. "Si la décision est vraiment définitive et acquise pour Saban, comme TF1 est son partenaire, il ira", a indiqué une source proche du dossier à l'AFP. Le groupe français ferait ainsi une entrée remarquée dans le monde de la télévision allemande. Car derrière KirchMedia et sa montagne de dettes se profile sa participation majoritaire dans ProSiebenSat.1, principal groupe privé de télévision en Allemagne avec RTL (Bertelsmann). La société connaît actuellement des difficultés en raison de la chute du marché publicitaire allemand mais elle est considérée fondamentalement comme une perle. Kirchmedia, contraint au dépôt de bilan le 8 avril 2002, détient également un gigantesque catalogue de 13.000 films et de 3.000 séries télévisées. Pour l'autodidacte Haim Saban, la victoire s'avère d'ores et déjà éclatante même si Bauer lui a facilité la tâche. Seul autre candidat, l'éditeur de magazines populaires, associé à HypoVereinsbank, a décidé mercredi de se retirer. Raison invoquée: son refus de participer à "une sorte de vente aux enchères" où les candidats "font monter les prix". La critique vise évidemment Haim Saban, prêt apparemment à tout pour décrocher la mise. Habitué des coups de poker, le producteur a réalisé un "come-back" spectaculaire dans ce long et tortueux dossier. Tout commence à l'automne dernier. Haim Saban et TF1 déposent une première offre de reprise. Elle est écartée par les créanciers de KirchMedia qui lui préfèrent celle de Bauer. Les dirigeants de l'éditeur allemand et de KirchMedia entament des négociations mais, deux mois plus tard, rien n'est encore signé et les discussions piétinent. Haim Saban en profite pour revenir à la charge, d'abord discrètement puis de plus en plus ouvertement. Mi-février, il dépose une nouvelle offre auprès des dirigeants de KirchMedia. La surprise est de taille mais le groupe annonce son intention d'examiner "en détails" l'offre du milliardaire. Le discret Bauer est pour sa part handicapé par des problèmes de concurrence car il est déjà présent dans la télévision allemande via une participation dans la chaîne RTL2 (Bertelsmann). Ce qui implique qu'en cas d'accord avec KirchMedia les autorités allemandes de la concurrence risquaient de s'opposer à la transaction. Selon la presse allemande, les dirigeants de KirchMedia auraient donc exigé de Bauer qu'il s'engage par écrit à assumer seuls les risques financiers liés à un éventuel veto des autorités de la concurrence. Ce que Bauer aurait refusé.
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