Arianespace a décidé de commander six Ariane-5 "Générique", en complément des six exemplaires actuellement en production, et les vols de ce modèle de base du lanceur, cloué au sol suite à un récent échec, pourraient reprendre fin février, a annoncé la société de gestion et de commercialisation des fusées européennes. Cette décision a été prise par le conseil d'administration d'Arianespace après avoir "pris connaissance" des conclusions du rapport d'enquête sur l'échec du vol inaugural d'une nouvelle version de ce lanceur (Ariane-5-ECA), le 11 décembre dernier. Les tirs des fusées Ariane-5 dans la version de base pourraient reprendre fin février. Deux Ariane-5 "Générique" se trouvent déjà à Kourou et quatre autres sont en cours de construction en Europe, sous la responsabilité d'EADS Lanceurs (filiale d'European Aeronautic Defence and Space Company). Arianespace, de même que le constructeur des lanceurs se sont refusé, vendredi, à préciser si les fusées en cours d'assemblage ou celles à commander feront l'objet de modifications techniques. La première fusée de la deuxième série doit être livrée au cours du deuxième semestre 2004, selon Arianespace. Aux termes du rapport de la commission d'enquête, l'échec de la première Ariane-5 ECA, version dopée pour permettre d'emporter une charge utile de dix tonnes, contre 6,9 au maximum pour Ariane-5 Générique, a été provoquée par un problème de refroidissement sur la tuyère du moteur Vulcain-II de cette fusée modifiée, ce qui a déformé la tuyère et rendu le lanceur incontrôlable. Il a alors dû être détruit par télécommande depuis le sol. Bien qu'Ariane-5 Générique n'ait pas semblé concernée, le rapport a fini par provoquer aussi l'annulation du vol de la sonde européenne Rosetta vers la comète Wirtanen, suite aux réserves de la "commission de revue" réunie avant ce vol qui a exprimé "des doutes sur les procédures (en général) de qualification des lanceurs Ariane-5". A son tour, la direction de l'Agence spatiale européenne (ESA) a réclamé une pause dans le développement de versions futures d'Ariane-5 pour permettre d'"évaluer les actions à entreprendre" afin de rétablir la "confiance" chez les clients et les Etats membres de l'Agence. Au passage, un autre rapport, portant sur la politique spatiale française en général, a considéré qu'Arianespace et le concepteur des fusées Ariane, le Centre national d'études spatiales (CNES, France) "partagent largement" la responsabilité de cette situation. Tout cela met l'opérateur des fusées européennes dans une situation bien délicate. Il ne lui reste plus qu'une fusée de la famille précedénte, Ariane-4, dont l'ultime tir est prévu le 12 février au terme de bons et loyaux services depuis 1988. Et surtout, face à un marché de lancement de satellites de plus en plus morose (25 vols en 2001, une quinzaine l'an dernier et aucune reprise prévue avant 2005 ou 2006), sans une rapide levée des doutes sur la fiabilité du nouveau fleuron de l'industrie spatiale européenne, elle aurait du mal à faire face à la concurrence grandissante.
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