Six mois après France 2, TF1 diffuse "son" Jean Moulin avec Francis Huster dans le rôle titre, une réalisation plus spectaculaire signée Pierre Aknine, diffusée les 6 et 13 janvier à 20H50. Avec "Jean Moulin, une affaire française", "nous avons voulu faire un film fort historiquement et qui parle au plus grand nombre, avec un personnage romantique", a déclaré le directeur de la fiction de TF1 Takis Candilis lors de la présentation à la presse. Le producteur, Jean-Pierre Guérin, n'a pas voulu polémiquer avec la chaîne concurrente, tout en assurant qu'il portait depuis sept ans ce projet qui le touchait personnellement puisque Jean Moulin était témoin au mariage de ses parents. "Jean Moulin nous a permis de vivre dans la démocratie où nous vivons actuellement", a-t-il dit, soulignant qu'il avait bénéficié des conseils de Daniel Cordier qui fut le secrétaire de Moulin pendant onze mois. "Il me semble que c'est la première fois qu'on raconte les choses aussi clairement et jusqu'au bout", a-t-il ajouté. Le "fédérateur de la Résistance", symbole de la Résistance unie derrière de Gaulle, mort à 44 ans sous la torture après son arrestation à Caluire (banlieue lyonnaise) le 21 juin 1943, avait les traits de Charles Berling dans le téléfilm d'Yves Boisset pour France 2. Pour TF1, il prend ceux de Francis Huster, qui parvient à ressembler étonnamment à l'une des photos les plus célèbres de l'histoire contemporaine française : Jean Moulin, feutre mou masquant le haut du visage, une écharpe autour du cou. A l'époque, le préfet d'Eure-et-Loir ne s'était pas encore tailladé la gorge pour être sûr de ne pas céder aux Allemands. Le "Jean Moulin" de Pierre Aknine est plus spectaculaire que celui d'Yves Boisset, plus insistant sur les rappels historiques et les scènes de torture, parfois jusqu'au malaise. "C'est un parcours émotionnel, pas une leçon d'histoire", a expliqué Francis Huster. C'est aussi un parti pris qui désigne René Hardy (Bernard Yerles) comme le traître qui a permis l'arrestation de Moulin par les Allemands et qui donne également dans cette affaire des responsabilités à Pierre de Bénouville (Aladin Reibel), violemment opposé à Jean Moulin. René Hardy a été jugé et acquitté deux fois. Tous les protagonistes sont désignés par leurs noms et non par leurs pseudonymes de Résistance et Bernard Fresson, dont ce fut le dernier rôle, interprète Charles Delestraint, chef de l'Armée secrète arrêté par la Gestapo douze jours avant Moulin. Tourné au Canada, en République tchèque, à Londres et à Caluire, dans la maison même du Dr Dugoujon, "Jean Moulin, une affaire française" met en scène le général de Gaulle (interprété par Jacques Boudet) dans plusieurs face-à-face avec Moulin, et introduit un personnage fictif, la jeune Alice (Mélanie Laurent), fil rouge du récit. Selon Jean-Pierre Guérin, elle symbolise "le passage de la mémoire et l'importance de la transmission de la mémoire". Le téléfilm montre la réalité interne des mouvements de Résistance, les oppositions d'ambitions et le martyre muet de celui dont Malraux prononça la fameuse oraison en décembre 1964, lors du transfert de ses cendres au Panthéon. Le soixantième anniversaire de la mort de Jean Moulin sera célébré en 2003. Produit par TF1, GMT Productions, Tansfilm et Spice Factory, "Jean Moulin, une affaire française" (2x90 minutes) a bénéficié d'un budget de 6 millions d'euros (40 MF).
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