André Rousselet, fondateur et ancien président de Canal+, affirme dans un "point de vue" publié dans Le Monde daté de mercredi, que la fusion Vivendi-Seagram-Canal+, "ne peut recevoir l'approbation des autorités de régulation". Relevant que "le coeur même" de Canal+, "à savoir ses propres abonnés, dont, par un étrange tour de passe-passe elle conserve la propriété tout en en abandonnant la jouissance", va revenir à Vivendi, M. Rousselet affirme que ce projet "ne peut recevoir l'approbation des autorités de régulation". "Au-delà du droit, c'est question de morale. L'entière disposition des fichiers doit rester propriété et jouissance du ressort exclusif de Canal+ SA", poursuit-il. "S'il s'agit de droit, les juristes seront peut-être partagés. Pour ma part je pense que la question mérite débat". Qualifiant le montage de Vivendi pour absorber Canal+ de "mécanique infernale" et de plan "plus inspiré par le profit que par toute autre considération", M. Rousselet fait état de sa "perplexité". "Si 49% des revenus de Canal+ SA", la chaîne soumise à la réglementation, "remontent au Groupe Canal+", détenu à 100% par le futur Vivendi Universal, "pourquoi ce dernier ne serait-il pas tenté, disposant du fichier de Canal+ SA (le vrai), de lancer une ou plusieurs chaînes (de cinéma, par exemple) qui lui porteraient concurrence et dont il serait actionnaire à 100% ?" Et le fondateur de Canal+ de se demander si Vivendi ne sera pas tenté de "gonfler cette masse d'abonnés en inaugurant une nouvelle politique tarifaire de Canal+ en vu d'engranger davantage de clients pour ses activités propres". M. Rousselet déplore par ailleurs que "la démarche de Vivendi" n'ait suscité aucune "réaction dans le monde politique". Quand il se réveillera, "il sera trop tard. Aucun retour en arrière ne sera possible". André Rousselet s'adresse également aux employés de la chaîne, à qui il exprime sa "solidarité". "Leur silence actuel est interprété comme un acquiescement à tout ce qui s'est tramé (...). Ils ne peuvent, sans renier les plus belles années de leur vie, se confiner dans le silence", estime-t-il.
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