Rédaction
Orange cherche des partenaires pour rester un acteur clef de la télévision. Stéphane Richard a clarifié la doctrine de France Télécom dans les contenus. Il ne s'interdit pas d'investir à condition de demeurer minoritaire. Un partenaire pourrait être trouvé dans « quelques semaines » pour gérer les chaînes de télévision.
La décision de renouveler, ou non, les droits du foot et d'aller dans la TNT, ou de s'en abstenir, sera prise en commun.
Orange ne veut plus tout faire tout seul, mais souhaite rester un acteur majeur de la télévision. Avant hier, à l'occasion de la présentation de son plan stratégique à cinq ans, le directeur général, Stéphane Richard a annoncé qu'il se donnait « quelques semaines » pour tenter de trouver un ou plusieurs partenaires susceptibles d'entrer au capital de ses chaînes de sport et de divertissement. Orange, qui se veut, à terme, actionnaire minoritaire de ces chaînes serait prêt à rester, si besoin, majoritaire dans un premier temps. Avare de détails, Stéphane Richard a évoqué des discussions visiblement encore informelles avec la Ligue professionnelle de football comme avec Rupert Murdoch, le patron du géant des médias NewsCorp.
Avec ses futurs partenaires, Orange décidera s'il se porte candidat pour une fréquence de TNT payante en France. Même si Stéphane Richard a clairement affirmé qu'il ne mettrait pas seul, comme en 2006, plus de 200 millions par an pour acquérir les droits d'une poignée de matchs, le fait qu'Orange n'ait pas renoncé à toute ambition dans ce domaine constitue une bonne nouvelle pour la Ligue. Cette dernière, qui cherche à renouveler ses droits, pour près de 700 millions d'euros par an, à partir de 2012, redoute en effet par-dessus tout de n'avoir qu'un seul acquéreur potentiel, Canal+. Même si l'opération est financièrement délicate, la Ligue étudie donc la possibilité de lancer, seule ou en partenariat, sa propre chaîne.
Associée à des banques et à Endemol, la Ligue néerlandaise a déjà franchi le pas en créant sa propre chaîne payante à l'été 2008. Si Orange, qui estime avoir socialement « une forme de responsabilité, et donc d'intérêt à être dans les contenus » ne renonce pas à jouer un rôle dans l'audiovisuel comme dans la presse, c'est tout d'abord qu'il estime ne pas avoir à rougir du premier bilan de ses chaînes de télévision. Orange Sports et le bouquet Orange Cinema Series « ont trouvé un public » de 800.000 abonnés en quatre ans. C'est une « performance remarquable », étant donné que seuls les 2,7 millions de foyers abonnés à son offre Internet fixe ADSL disposant d'un débit suffisant pour recevoir la télévision sur IP peuvent être clients de ces chaînes. Nouvelle doctrine Pragmatique, le groupe estime toutefois que sa stratégie, qui n'a pas porté ses fruits, doit connaître une évolution. « Cela ne nous a pas aidés à acquérir de nouveaux abonnés », a souligné le patron, dont le groupe a enregistré de très médiocres recrutements nets dans l'ADSL et le mobile l'an passé. De plus, la remise en cause du principe de l'exclusivité par l'Autorité de la concurrence rend la stratégie actuelle hasardeuse. Cette réflexion débouche donc sur une nouvelle doctrine : France Télécom n'a pas vocation à produire des contenus, mais bel et bien à construire des « partenariats axés sur la technologie ».
Pour alimenter ses tuyaux, ses box et ses « smartphones », le groupe peut signer des accords industriels ou de distribution, mettre en commun des moyens pour la recherche ou de l'audience, prendre des participations minoritaires. « Cela aurait pu être le cas dans « Le Monde ». Cela pourrait l'être demain dans la télévision », explique Stéphane Richard, qui souligne que tous les grands opérateurs de télécoms dans le monde, de Deutsche Telekom à Telefonica, disent ne pas vouloir toucher aux médias parce que ce n'est pas leur métier, « mais ne le font pas toujours ». Les contenus sont « le carburant du système ». Pour lutter contre les Apple ou Google qui cherchent à s'intercaler dans la relation entre Orange et ses clients, Stéphane Richard espère que l'effort d'innovation de France Télécom permettra de trouver de nouveaux modèles économiques pour les médias. N'a-t-il pas inventé le kiosque Minitel, précurseur des « appstores » actuels ?
Source : http://nextaudience.net