Avec "La Reine morte", Pierre Boutron signe une splendide adaptation télévisée de la pièce de Henry de Montherlant,où Michel Aumont campe un cruel et déchirant Ferrante, roi du Portugal, qui va sacrifier l'amour de son fils à la raison d'Etat. Elle est diffusée ce soir à 20h35 , en HD, sur France 2. Arrivée au galop dans la cour d'un château, une jeune femme tremblante de fureur descend de son cheval et réclame à grands cris un entretien avec le roi du Portugal. C'est la jeune infante de Navarre, venue de son pays pour s'unir au prince, Pedro. Mais ce dernier lui a dit qu'il ne pouvait l'épouser car il en aime une autre, Ines de Castro. Le ton est donné dès la première scène. Adapté d'une pièce de théâtre, le film utilise au mieux, et sans que cela paraisse artificiel, la liberté offerte par la caméra: scènes à l'extérieur, fuite des personnages dans les couloirs du palais, mouvements des robes, des chevelures de l'infante ou d'Inès... L'histoire se déroule sans temps mort, jusqu'à la fin, évidemment tragique. Michel Aumont incarne un Ferrante fascinant, monarque tout puissant déçu par son fils qui refuse de sacrifier son bonheur au pouvoir, puis déstabilisé par une jeune femme, Inès, éperdue d'amour. Le reste de la distribution (Thomas Jouannet, Astrid Berges-Frisbey, Gaëlle Bona...) est à l'unisson. "La Reine morte" de Montherlant est inspirée de l'histoire vraie de l'assassinat d'Inès par don Ferrante, furieux de son mariage secret avec son fils. La légende dit qu'après la mort de son père, le prince devenu roi déterra le cadavre de sa bien-aimée et obligea les grands du royaume à lui baiser la main. "C'est un film que j'avais envie de faire depuis 32 ans", déclare Pierre Boutron, qui s'était enquis des droits d'adaptation télévisée de la pièce en 1976. "La pièce et l'auteur me fascinent et je voulais montrer que Montherlant fait partie de nos grands auteurs, malgré sa réputation académique". Créée en 1942 par la Comédie française, la pièce fut avec "Le soulier de satin" de Claudel le plus grand succès théâtral de France sous l'Occupation, mais elle souffre aujourd'hui d'une réputation de "pièce en pourpoint". Le film, qui respecte le texte à la lettre malgré quelques coupures, évite toute théâtralité et met en lumière la modernité des thèmes abordés: les relations père-fils, l'envie de bonheur par Pedro et Inès, opposée au devoir et au pouvoir prônés par le roi...
Rédaction
19 mai 2009
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