"Séraphine", de Martin Provost, a dominé la 34e cérémonie des César vendredi soir, remportant sept récompenses, dont celles du meilleur film, du meilleur scénario original et de la meilleure actrice pour Yolande Moreau. Yolande Moreau incarne dans ce long-métrage une artiste peintre méconnue, connue sous le nom de Séraphine de Senlis, qui gagnait sa vie comme femme de ménage au début du XXe siècle. Elle avait déjà reçu en 2005 le César de la meilleure actrice pour "Quand la mer monte". Le César du meilleur acteur a été attribué à Vincent Cassel, qui interprète le gangster Jacques Mesrine dans les deux longs métrages sur sa vie, "L'instinct de mort" et "L'ennemi public N1". Jean-François Richet a été sacré meilleur réalisateur pour ces films qui ont également obtenu le César du meilleur son. En recevant le César du meilleur film des mains de Sean Penn et de Charlotte Gainsbourg, qui présidait la cérémonie, Martin Provost a remercié "tous ceux qui ont permis ce rêve de devenir vrai". "Je voudrais surtout remercier Séraphine qui est revenue parmi nous, qui a disparu pendant la crise de 29 et manifestement, celle qui vient d'arriver lui a porté chance", a-t-il ajouté. "Entre les murs" n'a pas eu beaucoup plus de succès qu'aux Oscars dimanche dernier, où il était nommé dans la catégorie meilleur film étranger. Le long métrage de Laurent Cantet, qui a remporté la Palme d'or au dernier Festival de Cannes, a obtenu un seul César au cours de la soirée, celui de la meilleure adaptation. "Un conte de Noël", d'Arnaud Desplechin, s'est contenté du César du meilleur acteur dans un second rôle pour Jean-Paul Roussillon, alors que "Le premier jour du reste de ta vie" de Rémi Bezançon a remporté trois trophées: César du meilleur montage et César des meilleurs espoirs masculin et féminin pour Marc-Antoine Grondin et Deborah François. "Il y a longtemps que je t'aime", de Philippe Claudel, a obtenu pour sa part le César du meilleur premier film et de la meilleure actrice pour le second rôle d'Elsa Zylberstein. A noter aussi que le César du meilleur film étranger a été attribué, au cours de la cérémonie organisée au Théâtre du Châtelet à Paris, à "Valse avec Bachir", un film d'animation réalisé par Ari Folman, qui avait déjà obtenu le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère. Quant à "Bienvenue chez les Ch'tis", qui a été vu par plus de 20 millions de spectateurs en France, pulvérisant le record de fréquentation pour un film français dans les salles de cinéma, il est reparti bredouille. La comédie populaire de Dany Boon n'avait obtenu qu'une nomination, dans la catégorie du meilleur scénario original, ce qui avait suscité une polémique.
Avant la remise de ce trophée, remis aux scénaristes de "Séraphine", Dany Boon avait fait une apparition surprise sur la scène, lançant avec humour qu'il ne boudait pas et qu'il voulait "dire toute la vérité sur cette polémique". "C'est mon conseiller en communication qui m'a monté le bourrichon. Jacques Séguéla qui m'a dit, si à 40 ans, t'as pas un César, c'est que t'as raté ta vie", a-t-il lancé, suscitant l'hilarité des spectateurs. "J'ai 42 ans, j'ai pas de César, j'ai raté ma vie", a-t-il plaisanté. Une autre intervention a marqué la cérémonie, celle de Julie Depardieu, qui a remis le César du meilleur acteur dans un second rôle. Elle a rendu hommage à son frère Guillaume, décédé l'an dernier: "Ce qui m'anime ce soir, c'est l'âme de mon frère, qui nous regarde peut-être et qui s'amuse sûrement en nous observant, en nous voyant dans tous nos états", a-t-elle déclaré. Antoine de Caunes, qui présentait la soirée, a multiplié les interventions humoristiques (épaulé notamment par des interventions remarquées d'Elie Semoun et de Florence Foresti) et un César d'honneur a été remis par Emma Thompson à Dustin Hoffman, pour l'ensemble de sa carrière. Un hommage à Claude Berri a également été rendu au cours de la cérémonie, organisée par l'Académie des arts et techniques du cinéma, retransmise en direct et en clair sur Canal+.