L'ex-directeur de la publication de Libération, Vittorio de Filippis, a été interpellé à son domicile et mis en examen pour "diffamation" après une plainte déposée par le fondateur du fournisseur d'accès internet Free, Xavier Niel, a-t-on appris de source judiciaire. M. Niel avait déposé plainte à la suite de la parution en 2006 d'un article publié sur le site internet de Libération faisant état de ses démêlés judiciaires. M. de Filippis, directeur de la publication du quotidien de mai à décembre 2006, a été interpellé à son domicile vendredi matin, a précisé à l'AFP l'avocat de Libération, Me Jean-Paul Levy. Il a été entendu au commissariat du Raincy (Seine-Saint-Denis), la commune où il réside, avant d'être mis en examen au tribunal de grande instance de Paris pour "diffamation publique envers un particulier" par la juge Muriel Josié. Me Levy a dénoncé les conditions de cette interpellation, "une première", selon lui, en matière de délit de presse. "Je suis l'avocat de Libération depuis 1975 et c'est la première fois que je vois un directeur de publication faire l'objet d'une interpellation et d'un mandat d'amener", a-t-il déploré. "Je suis scandalisé que l'on inflige un tel traitement pour un délit qui n'est pas passible de prison", a ajouté Me Levy. Xavier Niel a été condamné en octobre 2006 à 2 ans de prison avec sursis pour recel d'abus de biens sociaux dans une affaire de proxénétisme. Libération, dans un article publié samedi dénonce un "dérapage judiciaire (...) sans précédent en matière de diffamation". De son côté, la Société civile des personnels de Libération (SCPL) s'élève dans un communiqué publié samedi par le quotidien "les méthodes judiciaires intolérables" dont a été victime Vittorio de Filippis. "Nous demandons qu'une enquête soit ouverte sans délai sur ces méthodes", a poursuivi la SCPL qui a exprimé "sa solidarité" au journaliste. Laurent Joffrin, directeur de la publication et de la rédaction de Libération, écrit que la juge Muriel Josié a utilisé "une lettre de cachet" à l'encontre du journaliste "avec attaque de la maréchaussée à l'aube, fouille au corps et enfermement temporaire".
Rédaction
30 novembre 2008
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