La diffusion, hier soir à la télévision allemande, d'un téléfilm relatant les amours entre une prisonnière politique en ex-RDA et un officier de la Stasi, fait des remous en Allemagne, où les victimes de l'ancien régime communiste protestent. Le téléfilm, intitulé "12, ça veut dire que je t'aime", et inspiré d'un livre présenté comme une histoire vraie, relate la relation amoureuse qui se noue en 1985, au fil des interrogatoires, entre Jan, un officier de Stasi chargé d'interroger les prisonniers politiques, et Bettina, une détenue. La presse de lundi était globalement élogieuse sur ce film qui doit être diffusée à une heure de grande écoute sur la chaîne publique ARD. Mais, dès début avril, huit associations de victimes de l'ancienne dictature communiste avaient écrit aux producteurs pour protester contre cette diffusion. Cette semaine, c'est le directeur du mémorial de l'ancienne prison de la Stasi à Berlin-Hohenschönhausen, l'historien Hubertus Knabe, qui s'est insurgé dans un communiqué contre le "voyeurisme" de la télévision. Le film va "donner à des millions de personnes une image pas du tout représentative de ce qu'était la détention préventive de la Stasi", a-t-il affirmé dans un communiqué. Pour les 200.000 prisonniers politiques de la RDA, le temps passé dans les geôles de la Stasi a été "le pire moment de leur vie. Aucun d'entre eux n'a alors éprouvé de l'amour ou même de la sympathie pour leur interrogateur", a-t-il ajouté. Comme pour pallier les critiques, l'ARD diffusera lundi, après le téléfilm, un documentaire d'une demi-heure, rassemblant des témoignages des victimes de la Stasi. Pour le prestigieux hebdomadaire Der Spiegel, cette polémique est toutefois sans objet. "Même les criminels ont des sentiments - simplement, cela ne réduit en rien leur culpabilité", a-t-il relevé dans son édition en ligne. Ces dernières années, la télévision allemande a consacré plusieurs téléfilms à la vie en RDA. Au cinéma, c'est surtout "La vie des autres", sur l'espionnage d'un dramaturge dissident par un officier de la Stasi, qui a ramené la dictature est-allemande dans le débat public.
Rédaction
17 avril 2008
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