En souscrivant près de 1,6 milliard d'euros pour la réalisation de programmes de perfectionnement de la fusée Ariane-5, les ministres européens chargés de l'espace ont donné une "réaffirmation très forte du rôle stratégique de l'accès à l'espace", relève-t-on à Arianespace. "Clairement, l'ensemble du programme Ariane est très bien loti, car les souscriptions obtenues couvrent 93% des moyens demandés", résume Louis Laurent, directeur-adjoint aux affaires internationales d'Arianespace, société réconfortée au lendemain du Conseil ministériel de l'Agence spatiale européenne (ESA) à Edimbourg. Pour pouvoir suivre dans les années à venir l'évolution des marchés et des satellites, Arianespace avait soumis aux ministres chargés de l'espace des quinze pays membres de l'ESA quatre programmes dont elle demandait le financement. Il s'agissait de l'extension à la période de 2003 à 2006, du programme d'accompagnement technologique ARTA (Ariane-5 Research and Technology Accompagniement), destiné à "maintenir le niveau de fiabilité du lanceur", en cours depuis 1996 et financé jusqu'à l'année prochain. Une somme légèrement inférieure à 303 millions d'écus a été obtenue, pour 340 demandés. Vient ensuite la troisième et dernière phase ("Step 3") du programme Ariane-5 Plus, dont l'objectif est de pousser pour 2006 la capacité d'emport de la fusée lourde européenne à douze tonnes moyennant un nouvel étage cryotechnique(ESC-B) rallumable, puis deux programmes de financement des activités opérationnelles. "Step 3" a même été "sur-souscrit", avec 699 millions d'écus pour 671 attendus, grâce notamment à la force de persuasion du ministre français de la Recherche, Roger-Gérard Schwartzenberg qui a réussi à "arracher" à sa collègue berlinoise Edelgard Bulmahn, dès avant le conseil d'Edimbourg, 150 millions d'euros de plus, pour porter cette somme à 278 millions et faire passer ainsi la participation allemande à Ariane de 22 à 30%. Les deux programmes restants concernent le Centre spatial guyanais (CSG) de Kourou et sont destinés à financer les coûts fixes de la base proprement dite et l'utilisation des pas de tirs. Dans le premier cas, les ministres ont fait l'appoint, accordant les 432,2 millions d'euros demandés. Dans le deuxième cas, la situation est plus délicate car elle a de fâcheuses répercussions sur la position d'Arianespace face à sa concurrence. Alors que les opérateurs des fusées américaines paient quelque 1,5 million d'euros par lancement pour l'utilisation des infrastructures au sol, la société européenne se voit présenter des factures de 12 millions. Aussi, ses responsables ont demandé un coup de pouce aux ministres qui ne les ont que partiellement entendus : pour 234 d'euros millions demandés, ils leur en ont attribué 131. Mais aux yeux de M. Laurent, l'essentiel a été atteint puisque "le message de rééquilibrage est passé. C'est un pas important". De toute manière, la situation d'Arianespace n'est pas facile. Les modifications d'Ariane-5 ont creusé un "trou" de plus de 200 millions d'euros dans son chiffre d'affaires 2000 et, surtout, la fusée européenne, tout en occupant la moitié du marché mondial des lancements de satellites commerciaux, reste défavorisée par rapport aux fusées américaines Atlas et Delta, dont la moitié des vols est assurée par des lancements gouvernementaux. "Si notre travail quotidien est majoritairement consacré au service de clients commerciaux, rappelle le PDG d'Arianespace, Jean-Marie Luton, il ne faut jamais perdre de vue que l'intervention des Etats est, depuis l'origine, l'un des piliers qui assure l'équilibre du système."
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