Allemagne, année 2030: les personnes âgées braquent des banques pour payer leurs médicaments ou croupissent dans des "camps de retraite", selon une nouvelle fiction télévisée provocatrice, qui relance les débats sur le vieillissement de la population. "La révolte des vieux": c'est le nom du programme en trois parties de la chaîne publique ZDF, dont le deuxième épisode a été diffusé jeudi soir. Ce "documentaire-fiction" mâtiné de polar suit une journaliste de l'année 2030 qui, en enquêtant sur une compagnie d'assurance aux méthodes douteuses, découvre la paupérisation galopante des personnes âgées. Elle décrit une société empoisonnée par la haine entre les générations, où le gouvernement vient de fixer une retraite unique misérable de 560 euros par mois. Dans ce scénario catastrophe, des médecins véreux euthanasient des patients âgés à peine consentants, pour toucher des pots-de-vin promis par les assureurs-santé. Des familles désespérées et ne voulant plus "payer pour leurs vieux" en viennent à les maltraiter. Quand les retraités ne finissent pas parqués dans des camps misérables en Afrique en guise de maisons de retraite... "Quand on fait de la science-fiction, il faut exagérer un peu", s'est défendu le rédacteur en chef de la ZDF, Nikolaus Brender, dans une discussion avec des internautes, face à quelques réactions indignées. La série "porte atteinte à la dignité humaine", a jugé Dieter Meyer, vice-président du parti de défense des personnes âgées "Les Panthères grises". L'association VdK, qui défend les intérêts des handicapés et des retraités, reproche à l'émission de "faire peur" inutilement. Au contraire, selon la Fondation allemande des maisons de retraite: son dirigeant, Eugen Brysch, estime que la série comporte "une part criante de réalité". La ministre à la Famille allemande, Ursula von der Leyen (CDU, conservatrice), a reconnu: "Nous avons trop longtemps fermé les yeux" devant les risques démographiques. Avec un taux de fécondité de 1,4 enfant par femme, le pays est loin d'assurer le renouvellement des générations. En 2050, selon les démographes, l'Allemagne comptera deux fois plus de seniors (âgés de plus de 60 ans) que de nouveaux-nés. Et à partir de 2030, un actif pour un retraité, contre deux actifs pour un retraité aujourd'hui. Les mesures prises par le gouvernement, comme le passage progressif de l'âge de la retraite à 67 ans, ou des incitations fiscales pour des systèmes d'assurance-retraite privés, sont insuffisantes, selon certains spécialistes. Pour le démographe Herwig Birg, "nous sommes pris au piège. Si nous ne prenons pas tout de suite des mesures drastiques, nous n'en sortirons plus", a-t-il dit au journal régional Express. Il préconise de diviser par deux le montant de la retraite pour les personnes n'ayant pas eu d'enfants ou de forcer les entreprises à recruter davantage de parents que de célibataires sans enfants, pour relancer la natalité. La fédération VdK appelle quant à elle à pénaliser les entreprises qui envoient trop de salariés en pré-retraite. Mais, pour Meinhard Miegel, directeur scientifique de l'institut de recherche économique IWG à Bonn (ouest), le danger est moins une "révolte des vieux" qu'une "insurrection des jeunes": "Si le seuil de tolérance est dépassé, les jeunes générations vont tout faire pour échapper au fardeau financier", a-t-il dit au quotidien Die Welt. L'association de défense des familles HBF juge également qu'il ne faut pas s'apitoyer seulement sur le sort des seniors. En 2010, les personnes âgées de plus de 5O ans représenteront la majorité de l'électorat allemand et seront donc en mesure de se défendre, selon elle.
Rédaction
22 janvier 2007
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