Les partisans du vote "non" au projet de constitution européenne ont multiplié les critiques contre les télévisions et radios publiques, qu'ils accusent de se livrer à une propagande acharnée pour le vote "oui", suscitant du même coup les objections du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) et du PDG de Radio France, Jean-Paul Cluzel. Lancée le 4 mai à l'initiative de journalistes de France Télévisions (notamment France 2, France 3 et RFO) et de Radio France (France Inter, France Info, etc...), un appel disponible sur internet pour dénoncer une censure du "non" dans les médias, avait recueilli lundi 5.856 signatures. Sans contester un déséquilibre entre le temps de parole accordés aux partisans du "oui" et à ceux du "non", le CSA note de son côté que l'équilibre peut encore être rétabli dans le délai qui reste jusqu'à la consultation, le 29 mai. Pour sa part, le PDG de Radio France Jean-Paul Cluzel estime dans un entretien avec le quotidien Les Echos que les chroniqueurs de ses différentes antennes "n'ont pas une seule ligne" et qu'il ne faut pas confondre les explications des articles de la Constitution avec une propagande en faveur de la Constitution. L'appel publié sur internet, intitulé "Le +non+ censuré dans les médias, ça suffit !", conteste "les positions publiquement exprimées, ou sous entendues comme une évidence, par nombre de chroniqueurs, correspondants, présentateurs, ou patrons de presse qui, dans l'exercice de la profession, outrepassent leur fonction en prenant position pour le +oui+". "Jusque là, dans nos métiers, et en particulier dans le service public, il était de coutume de vouloir taire des convictions personnelles et de s'imposer un devoir d'impartialité", souligne cet appel, où figurent notamment parmi les premiers signataires des journalistes de France 2, France 3, Radio France et RFO. Reprenant des arguments du syndicat des journalistes CGT, l'appel se veut également un constat que le texte soumis à référendum "ne garantit pas le droit à l'information", soulignant entre autres, que, selon le projet, "la banque centrale européenne n'est pas tenue de rendre publiques ses décisions". L'appel fait notamment référence à une émission de France 5 diffusée le 10 avril, où l'on indiquait qu'il y avait eu 71% d'intervenants favorables au "oui" sur l'ensemble des chaînes françaises entre 1er janvier et le 31 mars, contre 29% d'intervenants favorables au "non". A la date du 4 mai, le CSA, chargé de veiller à ce que les partisans du "oui" disposent du même temps de parole que les partisans du "non", avait confirmé un certain déséquilibre, avec 57% du temps pour les partisans du "oui" et 43% du temps pour ceux du "non". Cependant, Francis Beck, membre du CSA et président du groupe de travail sur le pluralisme, soulignait le danger de mélanger "des choses qui ne peuvent pas vraiment être additionnées". De son côté, le journaliste Patrick Poivre d'Arvor, qui présentait lundi sur TF1 un débat entre huit chefs de parti (quatre pour le "oui", quatre pour le "non"), a déclaré au quotidien Le Figaro: "J'ai entendu dire que certains partisans du +non+ étaient plus malmenés dans certains rendez-vous du service public. Ce n'est pas le cas chez nous!". A l'appel de l'Observatoire des Médias (ODM) et d'une centaine d'associations et de syndicats, un rassemblement était prévu lundi soir, à Paris, pour "exiger des médias un débat honnête et pluraliste sur l'Europe".
Rédaction
10 mai 2005
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