Le président de la Commission européenne José Manuel Durao Barroso sera le 21 avril prochain l'invité principal de l'émission politique phare de la télévision publique France 2, a indiqué le président de France Télévision Marc Tessier. "Nous avons pris l'initiative d'inviter Barroso à +100 minutes pour convaincre+ en avril", a-t-il confié. Cette invitation, lancée avant que M. Barroso ne soit pris dans la polémique sur la directive de libéralisation des services, illustre selon M. Tessier le rôle que doit jouer l'audiovisuel public européen dans la diffusion du message européen. "Il faut compenser le déficit de communication des institutions européennes, au moins en France", a-t-il estimé, en marge d'une réunion à Bruxelles de l'Union européenne de radiodiffusion (UER). Le président de France Télévision ajoute qu'il faut "consolider des initiatives comme l'accord très important passé entre la Commission européenne et (la chaîne d'information en continu) Euronews". EuroNews et la Commission Européenne ont conclu récemment un accord de production qui confie à la chaîne de télévision une "mission de type service public européen", en respectant son indépendance éditoriale mais en lui apportant une dotation annuelle de 5 millions d'euros. Pour M. Tessier, l'audiovisuel public européen se trouve dans la situation paradoxale d'avoir contribué à l'émergence d'un espace public européen, par la production et les échanges d'images, mais d'être placé dans "une incertitude juridique récurrente" par Bruxelles. "On s'aperçoit que si la question du financement du services public est en voie de règlement, celle du périmètre d'activité du service public reste ouverte", explique-t-il. Les télévisions privées, déboutées de leur plaintes contre le financement public de l'audovisuel dans les années 90, sont repassé à l'offensive pour contester au secteur public sa place sur les nouveaux supports (ADSL, téléphonie mobile, etc). La direction de la concurrence a ouvert récemment des enquêtes visant l'audiovisuel public en Allemagne, Irlande et Pays-Bas. Pour M. Tessier, il faut "dépasser ce climat d'incertitude qui pose un problème pour le développement futur des télévisions publiques". "Je vais plaider, dit-il, pour que l'on inverse la logique et que l'on entre dans une démarche permettant d'énoncer des objectifs communs et d'éviter les frictions juridiques". Selon le président de France Télévision, "il faut réfléchir, en plus des cahiers des charges nationaux, à une charte de la télévision publique européenne vis à vis de l'Europe, qui consoliderait ce que nous faisons en matière d'information mais aussi de co-production". L'audiovisuel public européen s'engagerait à travers cette charte sur le volume d'information, le maintien d'un système d'échanges indispensable à la présence d'images européennes, le développement de co-productions, mais également sur la projection de l'Europe vers le reste du monde. Marc Tessier plaide enfin pour l'extension du modèle Arte, afin de développer des chaînes publiques ayant une vocation transfrontalière.
Rédaction
19 mars 2005
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