Passant de la Monarchie de Juillet au 21ème siècle, les Rastignac et Rubempré de la Comédie humaine roulent en Ferrari ou hantent les boites de nuit. Mais l'arrivisme et les jeux du pouvoir restent les mêmes dans "Rastignac ou les ambitieux" (4x90 minutes), nouvelle mini-série de France 2 aux résonances étrangement actuelles. "Cela risque de heurter", commente la directrice de la fiction de la chaîne, Laurence Bachman, en assurant: "c'est la première fois qu'on va aussi loin sur le pouvoir et la politique". Dans une réalisation d'Alain Tasma, les auteurs Eve de Castro et Natalie Carter ont brossé trois beaux portraits d'ambitieux, ajoutant une jeune femme, Elsa, aux personnages de Balzac. Trois jeunes comédiens peu connus ont la lourde charge de ces rôles difficiles et Jocelyn Quivrin, 21 ans (Rastignac), se sort particulièrement bien de l'entreprise. Zabou Breitman (Diane Langeais), Michel Aumont (M. de Rastignac) et Jean-Pierre Cassel (Vautrin) apportent la réplique de leurs talents chevronnés. "Librement inspiré" de l'oeuvre d'Honoré de Balzac sur la Restauration et la Monarchie de Juillet, comme le sera bientôt "Nana" de Zola (dans lequel on retrouvera Jocelyn Quivrin),"Rastignac" bouscule par son audace et son insolence tant dans les situations que dans les dialogues. Les moeurs de l'époque, les arcanes du pouvoir, des médias et de la finance, sont décortiquées. Toute ressemblance avec des affaires réelles... Eugène de Rastignac (personnage qu'on retrouve dans "Le père Goriot", "Les illusions perdues", "La peau de chagrin", "La maison Nucingen") et Lucien de Rubempré (personnage des "Illusions perdues" et de "Splendeurs et misères des courtisanes") interprété par Flannan Obé, sont amis d'enfance à Angoulême. Ils tombent ensuite amoureux de la même fille, Elsa, une jeune beurette elle aussi dévorée d'ambition (Alika Del Sol). Venus à Paris, ils grimpent les marches du pouvoir, chacun à sa manière. Rubempré, énarque brillant et fragile, choisit la politique. Rastignac, forte tête et fêtard, choisit les médias et le show-biz. Une affaire de contamination de l'eau provoquant des cas de saturnisme, un meurtre non élucidé vont révéler deux caractères, l'un faible, l'autre fort. La jeune avocate, Elsa, refuse de se salir les mains et tente de limiter les dégâts. Rastignac maltraite les femmes, Rubempré les utilise. L'un fréquente les ors des ministères, s'initie à la franc-maçonnerie, l'autre roule en Ferrari et brûle ses nuits dans les boîtes à la mode. Leur quête du bonheur fera bien des victimes. Eve de Castro, l'un des auteurs, qui écrivait pour la première fois un scénario, souligne que celui-ci dévoile "tout ce qu'il y a de souterrain dans la société d'aujourd'hui", depuis les pratiques de certains politiques face aux scandales jusqu'aux turpitudes sexuelles, en passant par une loge maçonnique. Premier épisode ce soir , 26 février à 20h50
Rédaction
26 février 2001
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